Le début du roman fait penser au Cercle des Poètes Disparus : des élèves suivent l’enseignement d’un professeur décalé, un amoureux de Pouchkine. Bien qu’auteur apprécié du Parti, Pouchkine doit être enseigné d’une manière qui permette au Parti de garder le contrôle. Mais voilà, ce professeur ne l’entend pas de la même manière. Le Cercle Pouchkine plonge alors le lecteur dans la Russie post Seconde Guerre mondiale. On suit le parcours d’adolescents dont la vie a été bouleversée par la mort de deux de leurs camarades. Tous font partie du Cercle Pouchkine. Enfants de grand dirigeants du Parti, ils doivent avoir plus que d’autres une conduite irréprochable, même si paradoxalement, on leur passe plus de fantaisie, car ils ont la vie douce. Cependant, Staline ne tarde pas à demander des explications quant à ce cercle et au complot qu’ils auraient fomenté…
Ne vous fiez pas à ce cours résumé et à la quatrième de couverture qui mettent l’accent sur l’enquête. En réalité, c’est une chronique de la vie quotidienne en URSS à la victoire des alliés. Le lecteur découvre une URSS à deux vitesses. D’un côté le commun des mortels qui travaille, respecte les préconisations du Parti. De l’autre, les dirigeants qui importent, en toute impunité (ou presque) des produits des pays capitalistes qui sont normalement prohibés. On y découvre également un Staline usé par la maladie, qui ne veut rien laisser paraître. Bien qu’il puisse être présenté au départ comme un personnage sympathique, on comprend vite que c’est un homme qui a peur de perdre son pouvoir. Il est aisé de faire le parallèle avec la Corée du Nord où ce système est toujours de rigueur.
L’auteur, spécialiste de la Russie, réussit avec brio cette immersion. Le lecteur oublie l’époque où il vit. Il a su parfaitement retranscrire l’atmosphère où chaque action ou même pensée peut vous envoyer au goulag, si vous avez de la chance. Il parvient à recréer l’atmosphère des prisons, les choix impossibles, le désespoir des prisonniers. On en arrive presque à ressentir les odeurs nauséabondes de la prison. Mais ce n’est pas un roman uniquement tourné sur la tristesse de la vie, mais aussi sur l’espoir de ses jeunes gens, avenir de la Grande Russie.
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