Elle s’appelle Harriet Manners et la mode, ce n’est pas son truc, loin de là. En fait, l’adolescence en soi, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé. Harriet préfère les documentaires animaliers aux comédies romantiques, la science à la mode, une soirée en famille à un rencard… C’est une geek, une « intello », comme le rappelle constamment le charmant petit mot tagué sur son sac. Elle n’a qu’une seule amie, Nat et est sans surprise la tête de turc d’Alexa, la peste de service.
Nat, la Best Friend Forever de notre héroïne adolescente, veut devenir mannequin : pour cela, elle est prête à tout, y compris à se priver de sucre depuis ses huit ans, et à dépenser tout son argent de poche en vêtements et en magazines de mode. Malheureusement, par un étrange coup du sort, c’est Harriet qui est repérée par une célèbre agence. Pour la jeune geek, tout s’enchaîne très vite : une célèbre styliste de mode tombe sous son charme, et la voilà bientôt en partance pour son premier shooting à l’étranger. Inutile de dire que l’on redoute un récit très manichéen dès les premières pages… En effet, l’incipit laisse supposer que l’on est soit « geek » (et socialement inadapté) comme Harriet ou Toby, ou « chic » (et plutôt « cool ») comme Nat ou Alexa. Pourtant, le récit d’Holly Smale prend une tournure plutôt sympathique passée la moitié du livre. Holly Smale prend effectivement son temps pour poser l’intrigue et nous présenter son héroïne.
Heureusement, le récit dévoile alors ses atouts, à commencer par la cellule familiale d’Harriet. Harriet est orpheline de mère et fille unique : elle vit avec son père, pour le moins fantasque, et sa belle-mère Annabel, décrite dans un premier temps comme un tyran, qui se révèle finalement un être sensible et sensé, le pilier de la famille en somme. C’est le genre de mère de substitution qui vous offre un tailleur, un attaché case et un agenda alors que vous n’avez que quinze ans, et qui s’attend à un enthousiasme fou de votre part. Ce trio fonctionne somme toute plutôt bien : on sent une véritable complicité entre Harriet et son père.
Enfin, Geek Girl livre un message plutôt sympathique : si Harriet souhaite dans un premier temps être mannequin pour devenir quelqu’un d’autre, l’expérience lui apprendra que rien ne vaut l’authenticité et l’honnêteté. La morale du récit semble simple et un peu acculée… pourtant, ce n’est pas plus mal de le répéter : c’est important d’être soi-même. Harriet réalisera que ses proches l’aiment telle qu’elle est et qu’elle n’a pas besoin de devenir une superstar des podiums pour gagner leur affection. Ce qui ne l’empêchera pas, ceci dit, de signer un contrat dans une agence prestigieuse… ce qui est l’occasion, pour le lecteur, de découvrir en quelques scènes croustillantes les dessous d’un milieu impitoyable.
J’aime bien cette saga, elle est sympa, fraiche et amusante 🙂