Ma raison de vivre est un mélange presque douloureux de sobriété et de cruauté. Emma est en apparence une jeune américaine de seize ans banale. C’est une élève brillante, sportive émérite, rédactrice en chef du journal de son lycée. Emma n’a qu’une amie, Sara, fidèle, adorable, pleine de vie. Les apparences sont sauves. Pourtant, Emma vit un enfer personnel. A l’école, elle se veut transparente pour n’attirer le regard de personne et surtout pas les ennuis. Lorsqu’elle rentre chez son oncle et sa tante qui l’élèvent depuis la mort de son père et le renoncement de sa mère, elle devient une Cendrillon moderne, les coups en plus. Seule Sara partage ce secret. La seule porte de sortie pour Emma est bien sûr d’obtenir une bourse et de vivre seule, loin de cette famille qui l’instrumentalise et la brutalise. Mais l’enfer doit être aussi pavé de mauvaises intentions car lorsque l’amour pointe son nez, la souffrance se transforme en agonie.
Presque jusqu’à la dernière page, il plane un mystère. Pourquoi les relations entre Emma et sa tante sont ce qu’elles sont ? On pourrait plaider la folie mais je crois qu’il se cache un autre secret et c’est cette questions en toile de fond qui nous accroche à ce livre, Il y a bien sûr notre côté voyeuriste presque malsain et cette compassion pour cette jeune adolescente qui nous plongent encore et encore dans les pages du roman. Ce livre est réservé à un public relativement jeune donc Rebecca Donovan nous parle aussi du quotidien d’un lycéen américain, des fêtes typiques du pays. Ces intermèdes permettent de souffler même si on peut avoir l’impression d’une certaine errance inutile au récit.
Au fond, ce qui nous intéresse dans ce livre c’est ce que va faire Emma, ce qu’elle va choisir entre la vie et la survie. C’est bien sûr tenter de percer à jour cette relation destructrice, d’accepter le silence d’Emma sur les traitements qu’on lui inflige. La romance qui s’installe n’est en rien plus magique que des centaines d’autres contées avant elle mais l’amitié et la solidarité entre Sara et Emma est bouleversante. Il y a bien évidemment des moments où l’on voudrait fermer les yeux, où l’abnégation n’est plus supportable et puis il y a la peur pour cette héroïne. Une héroïne qui est le reflet de milliers d’autres enfants dans son cas.
A aucun moment cette histoire ne peut nous laisser insensible, il faut espérer que le second tome viendra apaiser certains tourments.
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