Qu’on se le dise : les livres dont l’intrigue se passe dans une librairie, c’est une tendance qui s’épanouit ces temps-ci, et c’est plutôt tant mieux. C’est une bien belle mise en abîme que voilà. Le lecteur se plonge dans un livre racontant l’histoire d’autres lecteurs qui, parfois, vouent eux-mêmes une passion à un livre en particulier, comme L’Amant de Lady Chatterley dans Le Cœur entre les pages. Dévoré juste après le roman de Shelly King, L’Histoire épatante de M. Fikry & autres trésors complète admirablement Le Cœur entre les pages. Dans ces deux romans, on retrouve une librairie qui essaie de tenir coûte que coûte.
Et pourtant, au début de L’Histoire épatante de M. Fikry & autres trésors, ce n’est pas gagné. M. Fikry n’est pas le libraire le plus aimable de la Terre. Pour être honnête, depuis son récent veuvage, il est même franchement désagréable, à croire qu’il cherche à se saborder lui-même. Mais une rencontre va bouleverser sa vie, lorsqu’une jeune mère désespérée abandonne sa fille de deux ans dans la librairie de M. Fikry. « Je tiens à ce qu’elle grandisse entourée de livres et de gens pour lesquels la lecture compte » indique un mot laissé avec l’enfant. Et voilà notre libraire bougon devenu papa malgré lui.
Même si on pourrait le croire de prime abord, L’Histoire épatante de M. Fikry & autres trésors n’est pas une comédie. C’est même, au fond, un livre plutôt triste: on y croise des veufs éplorés, des enfants abandonnés, des femmes trompées, on y parle deuil et maladie. Pourtant, l’atmosphère y est formidable : la librairie de l’Île devient un lieu tangible, réel. On croirait voir les rayonnages, le présentoir à cartes postales et M. Fikry au comptoir ou en train de faire de la mise en rayon.
Ledit M. Fikry n’est pas des plus sympathiques lorsque nous faisons sa connaissance : il faut dire que lorsque le lecteur le rencontre pour la première fois, notre cher libraire est occupé à bizuter une pauvre représentante chargée de lui présenter les nouveautés de la maison d’édition qui l’emploie. M. Fikry a alors tout du mauvais cliché du libraire germanopratin : snob, difficile, renfrogné, avec des idées arrêtées. Mais cette image grincheuse vole bien vite en éclats et M. Fikry gagne en humanité au fil des pages. On découvre un homme généreux et passionné, qui aime les livres plus que tout. Avec la petite Maya, il se révèle plein de douceur. Il fera même amende honorable auprès de la pauvre représentante de l’incipit. On lui pardonne donc bien volontiers sa mauvaise humeur du début.
Gabrielle Zevin nous offre un beau roman plein de fraîcheur, qui offre une vision plutôt réaliste de la librairie et qui nous donne envie de tout quitter séance tenante pour aller farfouiller chez nos dealers de livres préférés.
J’ai eu le gros coup de cœur pour ce livre 🙂 Il est brillant, sincère, et magique 🙂 !
Une histoire vraiment intéressante 🙂 !