Récompensée du prestigieux prix Manga Taishô Awards 2014, la série Bride Stories voit son 7e tome publié en français, toujours chez Ki-oon : l’occasion, s’il en fallait encore une, de vérifier que le prix est parfaitement mérité !
Après un tome 6 plein de bruit et de fureur au village des Eyhon (celui d’Amir et Karluk, le couple phare de la série), Kaoru Mori offre une petite pause, en revenant à Smith, explorateur britannique fasciné par l’Asie Mineure. Celui-ci se trouve donc en Perse (actuel Irak) avec, Ali, son guide.
Ils font étape dans une communauté qui ne lasse pas d’étonner Smith – alors qu’Ali lui serine que c’était l’étape précédente, chez les jumelles, qui sortait de l’ordinaire. En effet, alors que précédemment, les femmes semblaient être des piliers de la communauté, celles du village dans lequel ils logent ne sortent qu’intégralement voilées et se font totalement invisibles dans la maison de leur hôte, au motif qu’une femme ne doit pas montrer son visage à un étranger. L’arrivée de Smith dans ce village est, en fait, le prétexte à nous faire découvrir la vie d’Anis, la jeune femme de la maisonnée.
Celle-ci mène une vie très solitaire, dans une propriété fabuleuse et immense, dotée d’un jardin d’eau sublime. Mais Anis s’ennuie. Mahfi, la nourrice de son fils, lui suggère donc de se rendre au hammam, haut lieu de socialisation des femmes. Anis accepte et y rencontre Shirin, dont elle va s’efforcer de devenir la meilleure amie, la « sœur conjointe » selon une ancienne coutume.
Celle-ci consiste à déclarer un serment d’amitié à sa sœur, avec cérémonie, droits et devoirs, un peu comme dans un mariage normal, finalement, mais entre deux femmes – mariées et ayant des enfants, au demeurant. L’histoire qui se déploie entre Anis et Shirin est très touchante et le ton radicalement différent de la tournure que prenait, jusque-là, la série.
Le dessin de Kaoru Mori, toujours aussi détaillé, se fait plus fin dans ce volume – en témoigne la silhouette très filiforme d’Anis, qui orne la première de couverture. Si le volume précédent faisait la part belle aux scènes équestres et aux batailles épiques, cette fois c’est la douceur qui prime, puisque le gros de l’intrigue se déroule dans les salles confinées du hammam, où les femmes peuvent souffler. Comme dans les volumes précédents, le dessin est particulièrement soigné : lire un volume de Bride Stories prend du temps, mais c’est pour la bonne cause !
Comme toujours, Bride Stories est le prétexte à découvrir les mœurs de l’Asie Mineure au XIXe siècle, par le biais d’une histoire aussi profonde qu’émouvante, servie par des planches sublimes et détaillées. Le bonus revient à Karluk et Amir. Et il faut reconnaître que, malgré ce détour enchanteur par les contrées traversées par Smith, on a hâte de les retrouver !
Bride Stories, tome 7, Kaoru Mori. Traduit du japonais par Yohan Leclerc. Ki-oon, août 2015.
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