Red Rising, un premier roman explosif !

ROMAN ADO – Autant vous le dire d’emblée : Red Rising a été un des livres les plus enthousiasmants qu’il nous a été donné de lire récemment. Ce premier roman de l’Américain Pierce Brown joue avec les codes de son genre – la dystopie – mais parvient à aller au-delà des romans auxquels on compare allègrement le sien. Réjouissant.

Au panthéon des grands héros de dystopie figure désormais Darrow. Dans la société dans lequel il évolue, les êtres humains sont classés en castes, différenciées les unes des autres par des couleurs. Votre couleur détermine votre fonction dans la société, mais également vos droits et devoirs, l’endroit où vous habitez, la personne que vous épouserez, jusqu’à votre apparence physique. Les Ors dominent, quand les Rouges sont les esclaves sur lesquels repose l’ensemble de cette société brutale et injuste.

Darrow est un Rouge : mineur de son état, il connaît au quotidien la faim et la violence. Sa vie va basculer le jour où on lui prend ce qu’il a de plus cher et où on lui révèle dans la foulée que sa vie n’est qu’un mensonge. Car Darrow croyait sincèrement qu’il faisait partie des pionniers envoyés sur Mars pour rendre la planète habitable pour que les autres couleurs puissent à leur tour coloniser la planète. Il apprend en réalité que Mars est vivable depuis des siècles, et que les Rouges sont sciemment maintenus dans un mensonge qui leur fait croire qu’ils sont des héros. Embrigadé par la résistance, Darrow va tenter l’impossible : détruire le système de l’intérieur.

Dans Red Rising, Pierce Brown utilise plusieurs des codes et des ressorts dramatiques propres à la dystopie. Rien d’original, songez-vous. Mais que nenni ! En réalité, Pierce Brown s’en sort bien mieux que la plupart des autres auteurs de dystopie, car il creuse davantage chacun des concepts qu’il utilise.

A l’instar de Divergent, La Sélection ou Hunger Games, Red Rising reprend donc un système de caste. Comme dans Les Secrets d’Aramanth, il utilise les couleurs pour différencier chaque catégorie sociale. Mais globalement, les couleurs de Red Rising sont plus poussées. En effet, on nous explique dès le petit récapitulatif du début du roman que des manipulations génétiques sont à l’origine des castes : ainsi, les Roses, employés par les maisons closes de la galaxie, ont été créés pour susciter le désir, les Obsidiens, caste guerrière, ont été manipulés pour être de parfaits soldats. Les Ors, enfin, sont plus grands, plus beaux, plus forts que le reste de la population. Inutile de dire que les préjugés sociaux sont profondément ancrés, et que les transfuges n’existent pas en principe ! Le résultat de ce système de caste est une société profondément injuste, fondée sur l’esclavage. On nous explique ainsi que si un Or tue un Rouge, il n’aura pas de comptes à rendre, excepté peut-être auprès de l’Or à qui appartenait le Rouge. On ne peut que songer à des exemples réels, comme autrefois l’esclavage aux Etats-Unis, et ça fait froid dans le dos.

Red Rising, Pierce Brown, hachette jeunesse

En tant que Rouge, Darrow n’a pas les clefs en main pour renverser ce monde qu’il hait de toute son âme. Aussi va-t-il être amené à infiltrer les Ors, et plus particulièrement les dirigeants de demain, qui se forment à l’Institut. Rouge parmi les Ors – mais dissimulé au prix de lourds sacrifices, Darrow va intégrer la sélection ultra rude de l’Institut. Après moult épreuves, Darrow et ses camarades sont laissés à eux-même dans une arène. Réunis en équipes, ils ont une mission simple : soumettre les autres, vaincre, conquérir.

Le système de l’arène rappelle bien évidemment Hunger Games. Mais le récit de Red Rising est si dense que l’on a l’impression qu’il se passe autant de choses en un tome de Red Rising qu’en trois de Hunger Games. On nous abreuve de nombreux événements, nous croisons de nombreux personnages. Loin de lasser, cette abondance de détails nous fascine encore un peu plus. Pris dans le suspense de l’épreuve, qui constitue une grosse partie du livre, on ne parvient plus à lâcher Red Rising.

Délicieusement complexe, n’hésitant pas à malmener ses personnages, Red Rising constitue un excellent tome d’introduction, qui laisse présager du meilleur pour la suite. Pierce Brown a visiblement tout compris ! Et nous, on aime les bons élèves…!

Red Rising, Pierce Brown. Hachette jeunesse, juin 2015. Traduit de l’anglais par Hélène Lenoir.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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