SÉRIE TV — Starz est la nouvelle chaîne en vogue aux Etats-Unis, notamment grâce au succès croissant de sa série originale Outlander. De plus, la chaîne se forme gentiment une réputation de preneuse de risques dans le choix des thèmes centraux des séries qu’elle produit. Flesh and Bone, avec sa trame tournant autour d’une compagnie de ballet à New York, semblait posséder de nombreuses qualités. Malheureusement, les faux pas se sont enchainés pour un résultat brouillon laissant un gout amer d’inachevé.
Un thème principal surprenant
Les premières minutes du premier épisode laissent immédiatement planer le doute sur la situation familiale de Claire, le personnage principal. On la voit assise sur son lit, sa porte fermée par un verrou solide alors qu’un homme l’appelle et lui demande d’ouvrir. Elle se lève, lance ses valises par la fenêtre et s’enfuit de Pittsburgh en sautant dans un train pour New York. Alors que l’épisode avance, on comprend petit à petit que sa relation avec son frère est étrange. L’inceste ne tarde pas à être révélé.
Ce thème, généralement tabou et toujours surprenant, aurait pu porter la série, lui dessinant une facette très différente de ce qui se fait habituellement à la télévision. Cependant, la relation ambiguë que Claire entretient avec son frère Brian est mal exploitée, laissant le téléspectateur confus et frustré. On ne comprend pas ce qui s’est réellement passé entre eux, si leur relation était consentante ou, si ce n’est pas le cas, qui en est vraiment la victime. En bâclant le dernier chapitre de cette minisérie, les scénaristes ont manqué une belle occasion de mettre en lumière un sujet si difficile à aborder.
Un personnage principal un peu fade
Claire est un personnage très sombre et discret. Elle s’automutile pour se punir d’un passé insupportable. Dans le monde de la danse classique, de tels comportements ne sont pas étonnants, on les retrouve d’ailleurs chez plusieurs personnages secondaires. L’autodestruction se manifeste par des troubles alimentaires ou encore par la dépendance à la drogue. Claire intrigue mais lasse très vite, tant sa palette d’émotions est limitée. Son évolution, censée la mener à l’indépendance et à l’affirmation de soi, est des plus étranges et faite de clichés télévisuels comme lorsqu’elle coupe sa queue de cheval dans un élan de rébellion. Encore une fois, la trame est beaucoup trop brouillonne pour que le téléspectateur puisse s’attacher à Claire et tenter de la comprendre.
Des intrigues parallèles inutiles
De trop nombreuses intrigues parallèles entrecoupent la trame principale mais aucune de ces histoires n’est traitée en profondeur. En plus de l’évolution de Claire, Flesh and Bone met en scène les problèmes financiers de l’école ainsi que de la co-directrice, Jessica, les névroses et le despotisme du fondateur, la folie du sans-abri vivant au pied de l’immeuble de Claire, la deuxième vie de strip-teaseuse de Daphné, les malversations d’un mafieux russe, les problèmes de santé de la colocataire de Claire et la décadence de l’ancienne danseuse étoile de la compagnie. Huit épisodes, ce n’est pas assez pour développer autant de personnages. Il parait qu’une deuxième saison était prévue avant d’être annulée par la chaîne, ce qui pourrait expliquer la précipitation dans laquelle se terminent ces intrigues.
Le ballet au second plan
Une grande partie du public de Flesh and Bone aurait certainement voulu que la danse soit mise au premier plan. Quelques scènes magnifiques sont tout de même portées à l’écran, notamment dans le dernier épisode, lors de la première des deux ballets de la compagnie. Dans de tels moments, la série est un régal et on en oublierait presque tous ses défauts. Le monde de la danse est passionnant, intriguant, parfois terrifiant. Il peut tout à fait être l’élément central d’une série de qualité, dommage que Flesh and Bone ne lui ait pas donné cette chance.
En résumé, cette minisérie manque de simplicité et s’éparpille dans des directions n’intéressant personne. Flesh and Bone manque malheureusement le coche mais, si vous aimez la danse classique, essayez tout de même de vous y plonger, vous aurez droit à quelques instants de grâce.
Par Audrey Moulin
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