ROMAN JEUNESSE — Siobhan Parkinson est auteur de romans pour la jeunesse. Et son dernier titre traduit chez L’Ecole des Loisirs, Meurtris est de ces romans que l’on referme avec les larmes aux yeux !
Une mère, on n’en a qu’une, pas vrai ? Même si elle picole toute la journée, même si elle oublie de vous acheter à manger, même s’il faut la tirer du lit le jour du versement des allocations chômage, il faut faire avec… Et Jono, du haut de ses quatorze ans, a toujours fait avec la sienne. Mais le soir où sa mère frappe sa petite sœur en pleine figure d’un coup tellement puissant que Julie valdingue à travers la pièce, Jono décide que c’en est trop.
Que peut-il faire ? Appeler la police ? Une assistante sociale débarquerait dans les trois heures et n’hésiterait pas à les séparer. Emmener Julie loin d’ici ? Mais pour aller où ? Jono n’en a pas la moindre idée, mais il sait qu’il est le seul à pouvoir protéger sa petite sœur. Alors il va prendre les choses en main.
Meurtris met en scène un trio de personnages abîmés par la vie : Jonathan ne sait pas si sa mère s’est mise à boire parce que son mari, violent, était parti, ou si celui-ci est parti parce qu’elle buvait. Quoi qu’il en soit, c’est à lui de tout gérer à la maison jusqu’à la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est d’ailleurs lui qui nous raconte l’histoire qui, selon lui, a débuté à la mort de sa grand-mère. On n’ignore donc rien de la cavale dans laquelle se lancent Jonathan et Julie, sur les routes d’Irlande, à la recherche d’une planque, de leur père… d’un avenir. À la moitié du livre, la situation bascule : on passe d’une narration à la première personne à une narration à la troisième, Jonathan faisant de petits tests de narrations (avant de revenir à son récit) pour voir l’effet que cela produit sur un éventuel lecteur. Celui-ci, d’ailleurs, est déboussolé : de la cavale, on passe directement à un interrogatoire musclé mené par la police.
L’histoire est narrée avec des mots simples et une certaine dureté de ton qui tient au sujet. Au fil des pages, on sent l’intense mélange d’espoir et de désespoir qui étreint Jonathan.
Le récit est court, mais terriblement intense : Jono a grandi trop vite, poussé par les vicissitudes de la vie et il est impossible de ne pas se prendre d’affection pour l’adolescent. Le ton n’est pas doucereux et l’intrigue n’est pas édulcorée : l’histoire de ces deux enfants est même plutôt triste – et heureusement nuancée par une belle lueur d’espoir en fin de roman. Dur, mais splendide !
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