Alchimiste : meurtres, ésotérisme et compagnies pharmaceutiques

THRILLER — Peter James est un écrivain, scénariste et producteur de cinéma britannique. En particulier, il est l’auteur de nombreux romans policiers et fantastiques pour lesquels il a gagné de nombreux prix. Nous nous intéressons aujourd’hui à son roman intitulé Alchimiste, qui nous emmène dans les méandres des compagnies pharmaceutiques. Vous ne regarderez plus jamais vos médicaments de la même manière après cette lecture !

Monty Bannerman a toujours admiré la Bendix Schere, une grande compagnie pharmaceutique internationale de renom ! C’est d’ailleurs pour cela qu’elle pousse son père, chercheur en génétique, à accepter leur offre d’emploi. En échange d’un laboratoire dernier cri — et de ses résultats —, la Bendix s’engage à mettre le chercheur et sa fille à l’abri des besoins financiers. C’est une offre qui ne se refuse pas ! Mais la jeune femme va vite déchanter : malgré un aspect extérieur des plus honnêtes, leur nouvel employeur semble avoir de bien sombres secrets à cacher. Avec l’aide de Conor Molloy, un de ses collègues, elle va donc commencer à enquêter sur un fait divers des plus sordides, en lien avec la firme. Plusieurs femmes sont en effet mortes en couche, après avoir donné naissance à des enfants présentant une malformation génétique rare. Et toutes se sont vu prescrire le même médicament phare de la Bendix, supposé améliorer leur fertilité. Coïncidence ou complot ?

Alchimiste, Peter James, Bragelonne

Alchimiste est un bon thriller, qui jette un pont entre ésotérisme et monde pharmaceutique. L’opposition sciences et religion a toujours fasciné et cet ouvrage ne fera donc pas exception ! Malgré tout, le lien est parfois un peu maladroit car l’auteur cherche à rationaliser le côté surnaturel, comme s’il n’assumait pas forcément cet aspect de l’intrigue. Cela a en outre tendance à décrédibiliser quelque peu la fin, qui bascule très nettement dans le fantastique afin de justifier un Deus ex machina un peu tiré par les cheveux. C’est d’ailleurs un peu dommage, car l’aspect de l’histoire qui concerne la compagnie pharmaceutique se serait sans aucun doute suffi à lui-même. Attention également au tout premier chapitre, qui est à première vue complètement déconnecté de l’histoire. Il pourra perdre le lecteur avide de découvrir de quoi il s’agit et ne sera absolument pas représentatif de la suite de la lecture. Si vous souhaitez réellement découvrir de quoi il retourne, il vous faudra donc pousser un peu plus loin. Rassurez-vous, le récit trouve son rythme dès le chapitre 2, pour ne plus le perdre (ce qui est un exploit étant donné que dans sa version poche, le livre frôle les 900 pages). Pour ce faire, Peter James a privilégié des chapitres courts et percutants, en changeant de narrateur très souvent. Le récit à la troisième personne permet également d’avoir accès aux impressions et aux informations de nombreux personnages — peut-être un peu trop d’ailleurs, il faut parfois s’accrocher pour resituer tout le monde.

On soulignera également les efforts faits par l’auteur dans un souci de plausibilité : celui-ci s’est vraisemblablement renseigné sur les différentes techniques de laboratoire en vogue dans les années 90 et sur le parcours de la mise sur le marché d’un médicament. Les néophytes apprécieront, les scientifiques sans doute un peu moins au vu des incohérences qui restent, mais le tout semble de bonne volonté et reste relativement bien dosé pour ne frustrer personne. Le choix d’utiliser le génie génétique au cœur de l’intrigue est tout de même particulièrement intéressant et mène à de nombreuses réflexions, que ce soit éthiques ou eugéniques. Attention toutefois à ne pas trop stigmatiser les laboratoires pharmaceutiques et les chercheurs : la réalité n’est certainement pas aussi sombre et ce récit a tendance à occulter les valeurs positives qui peuvent y être associées.

Malgré les quelques avertissements présents dans cette chronique, vous passerez sans doute un bon moment avec cette lecture qui se prête bien à la période estivale. À conseiller aux amateurs de thriller, d’ésotérisme et de théorie du complot !

Alchimiste, Peter James. Bragelonne, juillet 2018. Traduit de l’anglais par Colette Carrière.

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