FANTASY URBAINE — Petit détour en fantasy urbaine, aujourd’hui, avec la série Black Wings de Christina Henry qui met à l’honneur des créatures que l’on croise rarement dans les romans du genre : les Agents de la Mort !
Madeline Black a l’immense privilège (hérité à la mort de sa mère) d’être Agente de la Mort. Son job ? Récupérer la liste de ses patients, qui indique l’heure et les coordonnées exactes de leur mort. Là, ses grandes ailes noires déployées, invisible aux yeux des vivants, elle recueille leur consentement pour les amener vers la Porte et les faire passer – sans quoi les âmes concernées errent indéfiniment sur Terre. La voilà donc forcée de travailler à toute heure, pour des clopinettes, sous la houlette d’un détestable patron et avec beaucoup trop de factures à payer. Heureusement, elle trouve un nouveau locataire pour son appartement : malgré une attitude assez étrange, Gabriel Angeloscuro assurera des rentrées d’argent stables. Enfin, ça c’était avant qu’un monstre terrifiant se mette à ravager les rues de Chicago, avant que quelqu’un n’essaie de s’en prendre à la gargouille domestique de Madeline et avant, surtout, qu’elle ne se découvre des pouvoirs inconnus et un héritage… dont elle se serait bien passé.
C’est d’un style plein d’humour que Christina Henry installe le décor de son roman : on y découvre une Agente de la Mort avec des difficultés à joindre les deux bouts, lassée de son boulot affreusement administratif et sommée de supporter l’humeur plus que changeante de sa gargouille domestique – imaginez les dialogues que vous pourriez avoir avec un chat, à ceci près que la bestiole sait voler, a une passion pour le chocolat et le pop-corn et dort sur une corniche de la façade. Étrangement, malgré ce quotidien des plus surréaliste, il n’y pas de super-pouvoirs inclus dans le deal : on le comprendra plus tard, Maddy n’est pas censée pouvoir générer des boules de feu à volonté comme elle le fait, même si ce n’est guère expliqué.
C’est d’ailleurs un des reproches que l’on pourrait faire au roman : les explications sont souvent lapidaires et semblent s’appuyer sur des connaissances pré-requises des lecteurs… que l’on n’a, malheureusement, pas. Ainsi, difficile de comprendre ce qui inquiète tant notre héroïne avec ses pouvoirs avant d’être – assez tardivement – informé de ce qui coince. De même, les péripéties ont tendance à s’enchaîner à toute vitesse. Si le récit gagne en divertissement, il perd quelque peu en efficacité, tant on se sent parfois abandonnés sur le bord de la route.
Heureusement, on peut se retourner sur l’ambiance générale et les personnages du roman. Madeline, comme sa gargouille, n’ont pas la langue dans la poche, ce qui assure des dialogues assez savoureux – avec une mention spéciale à ceux ayant trait aux lourdeurs de l’administration mortifère dont elle fait partie. Évidemment, le mystère sur l’identité de Gabriel Angeloscuro ne dure pas plus de temps que celui nécessaire à la lecture de ce nom, mais cela fait partie du charme de l’intrigue !
Celle-ci, d’ailleurs, s’appuie sur une mythologie tournant autour des damnés vraiment intéressante. On croise donc quantité de déchus, de Néphilim et autres servants de Lucifer, dans un Enfer plus que jamais pavé de bonnes intentions. Difficile de vous en dire plus sans gâcher la surprise, mais la fin du roman laisse notre héroïne dans une telle posture – au bon vouloir d’une société infernale particulièrement machiste ! – que l’on ne peut que se questionner quant à son avenir.
Malgré quelques faiblesses, ce premier tome s’avère donc suffisamment divertissant pour tenir ses lecteurs en haleine !
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