FANTASY — On ne vous présente plus Gabriel Katz, dont nous attendons toujours avec impatience les nouveaux titres. Et pour le cru 2019, un peu de changement à l’horizon ! On quitte le méta-univers développé dans Le Puits des Mémoires et les titres qui ont suivi chez Scrineo. On change également d’éditeur, puisque Le Serment de l’orage dont on parle aujourd’hui est le titre qui ouvre la récente collection Big Bang de Bragelonne, dédiée aux jeunes adultes.
Morgien et Cynon sont deux jeunes chevaliers désargentés. Lorsque Edwin de Gore, futur seigneur du fief éloigné de Hollow Grave, leur propose de les engager, les deux jeunes hommes acceptent avec plaisir. Peu importe que la solde soit maigre et que le châtelain n’ait que trois chevaliers dans sa suite, l’enthousiasme de la jeunesse et la perspective de prendre possession d’un véritable domaine seigneurial des Hautes Terres l’emporte ! Mais sur place, la désillusion est mordante. Le château n’est qu’une ruine insalubre adossée à la mer, battue par les vents et les embruns, entourée de quelques villages pouilleux et occupée par une bande de petits malfrats qu’il faut déloger manu militari. Et puis il y règne une drôle d’ambiance. Pourquoi le rez-de-chaussée du donjon est-il condamné, alors que c’est la seule pièce à peu près décente ? Pourquoi la chapelle est-elle construite à l’extérieur des remparts et lourdement barricadée ? Pourquoi les ouvriers meurent-ils les uns après les autres ? Y aurait-il une force maléfique à l’œuvre ?
Et pourtant, malgré la peur qui s’installe au domaine, tout cela n’est rien en comparaison de ce qui attend les personnages ! Car la véritable menace vient de l’autre côté de la mer, où un seigneur Eirinien à la réputation de boucher est bien décidé à mettre à genoux les seigneurs d’Anglia. Or, Edwin de Gore n’a pas signé sa proposition d’alliance…
Changement d’univers, donc, et nous voici projetés dans une Europe médiévale quelque peu agitée, tendue par une guerre imminente entre Eirin et Anglia, dont les enjeux ne se dévoilent que peu à peu. Avant cela, on (re)découvre, via nos chevaliers, le système féodal : tournois, code d’honneur, héraldique, système de castes, amour courtois (ou pas), le tour d’horizon est plutôt complet. Mais pas barbant pour autant, les détails étant bien amenés au cours de conversations ou de descriptions.
Celles-ci sont d’ailleurs assez réussies : on n’a aucun mal à visualiser la boue collante du bouge dans lequel débarquent nos protagonistes ou les scènes de bagarres plus violentes les unes que les autres. Le tout étant assaisonné de profonds différends entre les personnages, les dissensions ne tardent pas à pointer le bout du nez. Tout cela sert une ambiance de plus en plus pesante au fil du récit, qui joue allègrement sur les codes du fantastique et de l’horreur. Entre les personnages au passé brumeux et le sortilège malveillant qui semble régner sur Hollow Grave, on est servi. Et ce d’autant que l’on a très peu de réponses quant à ce qu’il se passe sur ces terres désolées. Y a-t-il, oui ou non, un esprit frappeur ?
De plus, la perspective d’une guerre imminente et dévastatrice entretient à merveille le suspens : on ne peut s’empêcher de trembler pour une petite équipe à laquelle on a eu tout loisir de s’attacher… mais dont la survivabilité est loin d’être assurée !
Car, une fois encore, Gabriel Katz trousse des personnages attachants (qu’ils soient du bon ou du mauvais côté de la barrière). C’est un univers de chevaliers, donc on en croise évidemment des balèzes, des vantards, ou encore des discrets qui ne ratent pas une cible. La galerie est assez variée. Évidemment, comme dans tout roman de chevalerie, il y a des damoiselles – qui ne sont pas nécessairement en détresse, ce qui est bien agréable.
Et quid de ce serment de l’orage ? Eh bien hormis la scène d’ouverture, on n’en saura pas grand-chose de plus, ce qui laisse planer une aura de mystère sur cette affaire.
Ce premier tome propose donc une bonne introduction à ce nouvel univers et cette nouvelle intrigue, dont la suite est prévue dans le courant de l’année. Le récit étant adossé à l’univers plutôt familier de l’Europe médiévale, le roman s’avère très accessible aux débutants en fantasy !
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