Broadway Limited T3 : Un thé avec Grace Kelly

Broadway Limited T3, Malika Ferdjoukh

CLAP DE FIN — Voilà venue la fin d’une trilogie qu’on aurait espéré voir continuer encore longtemps… une trilogie qu’on rêverait de voir adaptée par Netflix : avec la parution du troisième volume « Un thé avec Grace Kelly », Malika Ferdjoukh met un point final à sa série Broadway Limited. Et on est un peu en deuil des habitants de la pension Giboulée !

Souvenez-vous : le premier tome, paru en 2015, avait vu débarquer à New York de sa France natale un jeune homme passionné de musique, Jocelyn. Jo a trouvé refuge à la pension Giboulée, un lieu de vie pourtant intégralement féminin ! Il faut dire qu’à l’écrit, trompé par le prénom du jeune héros, la logeuse l’a pris pour une jeune fille ! Mais n’ayant pas le coeur de renvoyer ce jeune homme si loin de chez lui, elle finit par l’accepter de bon coeur dans ce gynécée, dans lequel évoluent des ambitieuses et des rêveuses dans le New York de 1948. La pension Giboulée, c’est le mouvement permanent, mille rêves et rebondissements à la seconde. On y croise ainsi Chic, la croqueuse de diamants, Page, actrice en devenir, Manhattan qui rêve de retrouver son père, Hadley qui cache à tout le monde que son neveu est en réalité son fils, Ursula à la voix hypnotisante, sans oublier Etchika, ou Charity la fille de cuisine ultra romantique…

Beaucoup de personnages dans cette série foisonnante, qui fait bien honneur à la ville où se déroule l’intrigue : à l’image de New York, le microcosme de la pension résonne de bruits, de chansons, et de projets. Jocelyn est bien tombé… Jocelyn qui, dans ce troisième et dernier tome, semble s’effacer pour laisser place aux vraies héroïnes du roman : les filles de la pension ! Qu’on est triste de les laisser une fois la dernière page tournée…

Il y a beaucoup de protagonistes différents, c’est vrai, mais on n’est jamais noyé sous la masse. Une petite aide en début de roman aidera les mémoires de poisson rouge comme moi à s’y retrouver après plusieurs années d’interruption dans la série. Grâce au style inimitable, résolument malicieux de Malika Ferdjoukh, on retrouve cette joyeuse bande comme si on les avait quittés hier… La fin pique d’autant plus !

Ce qu’on aime aussi, c’est le bain de références culturelles et historiques dans lequel nous plonge l’intrigue : c’est précisément documenté, c’est le portrait vibrant et réaliste d’une autre époque. Il y a là beaucoup de profondeur. Ce n’est pas juste un récit sur une poignée de filles qui rêvent de réussir sous les projecteurs, c’est un panorama complet qui montre ce que c’était que d’être un jeune à New York en 1948, dans un contexte post-seconde guerre mondiale, avec une grosse pincée de maccarthysme et de progrès en marche. C’est l’American Way of Life, avec ses dorures et ses revers. Réjouissant !

La fin, cependant, vous fera peut-être hurler de frustration. Mais moi j’aime bien que les auteurs jouent avec mes nerfs, je suis sans doute un peu masochiste. La porte de la pension reste entrouverte, on peut-être espérer un jour une suite ?

Broadway Limited T3 : un thé avec Grace Kelly, Malika Ferdjoukh. L’école des loisirs, mai 2021.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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