YOUNG ADULT — On connait (ou on imagine, tout du moins) tous l’angoisse de commencer l’année scolaire dans un nouveau lycée : c’est un trope qui a été vu et revu en littérature young adult (c’est même, souvenez-vous, ainsi que débute Twilight…). Mais pour Pony, le héros du roman Stay Gold, ce nouveau début est l’occasion de passer incognito, de repartir à zéro, ce qui est plutôt bienvenu. Ça n’enlève pas tout le stress, mais ça donne un objectif.
Dans son ancien lycée, Pony était « l’élève trans de service ». Tout le monde était au courant pour sa transition, les élèves l’avaient connu avant et tout le monde le considérait avec curiosité. Pony en a eu marre qu’on le dévisage, qu’on parle de lui dans son dos, qu’on pétitionne pour l’empêcher d’utiliser les toilettes des garçons, alors quand il rejoint un nouveau lycée, il décide de taire sa transition. Tout se passe à merveille jusqu’à ce qu’il tombe amoureux de Georgia, une cheerleader bien moins superficielle qu’il n’y parait, à la gouaille d’enfer.
Ce roman se dévore, d’une part parce qu’il n’est pas très long, d’autre part parce qu’il est mené à un rythme d’enfer, grâce à des personnages à la répartie de choc : les dialogues fusent, les références pop culture sont nombreuses, c’est très vif, pas le temps de s’ennuyer ! Georgia est à ce titre un personnage très rafraichissant, son mécanisme de défense passe par une imagination débordante, beaucoup d’imagination et d’audace. C’est un plaisir de la lire, et Pony n’est pas en reste. Leur duo fonctionne à merveille, il y a une vraie alchimie.
Si leur relation a tout d’une évidence au début, elle va se heurter à un écueil de taille : Pony ne dit pas d’emblée à Georgia qu’il est trans et plus ils se lient, plus ça devient compliqué. Comment Georgia réagira à cette nouvelle, elle qui ne supporte pas qu’on lui cache des choses et qu’on lui mente ?
Au delà de la jolie petite romance trop mignonnette entre ces deux-là, le roman soulève des questions plus profondes, sur la transidentité, bien sûr, sur la réaction des proches, sur l’implication (ou non) dans la cause LGBTQIA+. Ainsi, Pony rêve juste de se fondre dans la masse, d’être un garçon sans histoire auquel on ne s’intéresse pas plus que ça… alors que son meilleur ami Max le pousse au contraire à revendiquer, à donner de la voix, à se lancer dans le combat, ce qui crée des tensions entre les deux amis… Le roman ne cache rien de l’immense détresse de nombreux adolescents trans et queer en général, certaines scènes sont très dures, et le roman se termine dans les larmes du lecteur qui n’en peut plus de ce trop-plein d’émotions. Un roman d’autant plus nécessaire qu’il sonne vrai et juste !
Soyez le premier à commenter