La reine du Yangzi, Jacques Baudouin

Grande fresque familiale, Shanghai Club est également un roman historique dévoilant les secrets de la concession française à Shanghai, dans un univers où rivalités économiques côtoient les jalousies plus personnes. Dans ce second tome des aventures de la famille Esparnac, c’est Olympe qui prend les rênes de l’affaire familiale.


A la fin du XIXème siècle, Charles Esparnac, riche patron français expatrié à Shanghai, vient de mourir, laissant une affaire florissante à son épouse, Olympe. A cette femme pleine de caractère de maintenir sa barque sur les eaux tumultueuses du Yangzi, grâce au soutien de ses enfants Louis et Laure et de son entourage chinois.

Malgré une richesse de détails et un environnement méticuleusement rendu, La reine du Yangzi a l’aspect final d’un roman à peine ébauché, au potentiel inexploité. Là où il aurait pu être un de ces romans historiques passionnants et prenants, il ne parvient pas à séduire le lecteur, à le faire rentrer dans l’histoire. C’est avec un sentiment d’inachevé que l’on termine ce roman.

L’histoire s’étend sur approximativement deux décennies, deux décennies qui ne sont pas assez détaillées : l’on passe à grande vitesse sur des instants qui pourraient être très intéressants. L’auteur use et abuse des ellipses, fait l’impasse sur certains développements pourtant nécessaires, coupe court à des dialogues à peine ébauchés. Ainsi, lorsqu’il s’agit de convaincre un personnage, l’on à peine deux, ou trois lignes de dialogue, mais presque aucun argumentaire, avant de pouvoir lire « Louis accepta». C’est tout. Cette économie de détails devient vite assez énervante.

De même, l’auteur parvient à se contredire. En faisant faire vivre deux de ses héroïnes des relations hors mariage acceptées sans sourciller par la société (nous sommes, rappelons-le au tout début du XXème siècle) parait déjà peu crédible, mais cela l’est davantage quand même l’auteur souligne lui-même que la bonne société de Shanghai est très conservatrice et soucieuse de respecter les bonnes mœurs. Pour Olympe, héroïne de ce roman, il est plus choquant que son fils s’encanaille avec une femme mariée, que sa fille vive avec un homme, un étranger de surcroit et passe pour une fille facile. Cela parait tiré par les cheveux et gâche grandement le plaisir de la lecture. Car plaisir il y a, pourtant. L’univers recrée par l’auteur n’est pas dépourvu de charme. Il est très plaisant de découvrir le Shanghai de la fin du XIXème siècle, dans une Chine tumultueuse et en plein bouleversement, qui se modernise. Cependant, ce n’est pas assez pour me convaincre de lire une suite potentielle.

Ce livre a été lu dans le cadre d’un échange avec Bouquinovore, grâce à Livraddict. Je le remercie de m’avoir tout de même permis de voyager le temps d’un livre.

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

2 Commentaires

  1. Coucou,
    après avoir lu ton avis je ne peux que comprendre ta réaction à ma comparaison avec l’univers de Robin Hobb !

    Je ne trouve un peu dure, mais bon.. Tes remarques sont fondés alors je ne peux rien dire ! Par contre je suis étonnée de ne pas avoir été dérangée par le fait qu’Olympe et Laure vivent en concubinage (alors que ça ne se fait pas) et que, pourtant, Olympe ne supporte pas que Louis soit avec cette femme marié : comment ai-je pu louper ça ? Bon, après tout dans ce genre de roman, c’est souvent le cas…

    Cela dit, pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce second tome !
    Bonne journée 🙂

    • Je crois que je suis un peu dure effectivement avec ce roman. J’ai eu du mal à m’y mettre, avec la distraction apportée par la rentrée universitaire et j’ai donc été assez peu indulgente.
      Serais-tu toi aussi une fan de Robin Hobb?
      Bonne journée 🙂

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