ROMAN JEUNESSE HISTORIQUE — Nous voici en 1759, en plein XVIIIe siècle, au coeur des querelles autour des idées des Lumières, de la censure et de la Révolution Française qui approche à grands pas. Au sein de ce monde en changement, Judith est une jeune fille indépendante et proche des idées des philosophes de son temps, offusquée par ce qui ressemble beaucoup à des Autodafés face aux livres aux idées nouvelles.
Le père de Judith est imprimeur et défend les droits des auteurs à pouvoir transmettre leurs pensées. Mais imprimer des interdits est dangereux et l’homme ne va pas tarder à faire les frais. Dénoncé et jeté en prison, il laisse derrière lui un atelier en proie à la colère des ouvriers. Judith décide alors de prendre les choses en main, bien qu’elle n’y connaisse pas grand chose en affaires, bien qu’elle soit une femme. Mais dans ce monde où chaque phrase est étudiée et où chaque propos peut être censuré, les cupidités, jalousies et vengeances se réveillent. Bientôt, Judith devra en faire les frais au point de ne plus savoir en qui elle peut avoir confiance ou non…
Ce livre est une nouvelle publication d’un roman publié il y a quelques années maintenant. Une bonne nouvelle pour ceux qui l’avaient loupé à l’époque car c’est un roman fort intéressant à côté duquel il aurait été dommage de passer. La passion des auteures pour la littérature et la France du XVIIIe siècle ne fait aucun doute à travers ce roman nous plongeant corps et âme au sein de ce temps et de cet univers. Une belle entrée en matière pour les ados ne connaissant pas grand chose aux philosophes des Lumières, à la politique de l’époque et au quotidien des français de ce temps.
Le travail de recherche pour ce roman est notable : une étude poussée du Paris de l’époque, une utilisation de termes techniques de l’imprimerie et des indications sur les auteurs de l’époque comme le lien notamment entre Diderot et d’Alembert par exemple. Ce roman est donc bien un roman mais qui, pour les plus jeunes pourra faire office de document et pour les profs être très intéressant à étudier en classe. La place de la femme au XVIIIe n’était pas une place aisée et il est très intéressant de voir combien les auteures jouent de cette place pour établir les personnalités des différentes soeurs de la famille et pour évoquer le devoir d’une fille d’obéir toujours à ses parents. Avec Judith, les auteures présentent une jeune femme avide de voir évoluer les choses, une situation qui fait du bien. Mais surtout, ce roman est un hymne à la littérature et à l’amour des livres, un hymne chanté par Judith, chanté par son père et chanté par les auteures de ce roman. Quiconque s’y connaîtra un minimum en littérature de l’époque saura apprécier cet hymne mais, surtout, ce roman est aussi un cri contre la censure et contre les querelles littéraires. Deux auteures sont à la source de cette histoire et bien malin sera celui qui saura dissocier les deux plumes, les deux styles. Les auteures écrivent ensemble comme une seule, nous offre une réflexion sur la littérature et ne sont pas sans nous immerger au sein des sentiments d’une jeune femme en quête de ce qu’elle souhaite devenir. Voici un roman remontant à quelques années mais réédité récemment pour lui offrir une seconde chance, seconde chance qu’il ne faut pas laisser filer. Si vous vous intéressez aux écrits et à l’Histoire des Lumières, n’hésitez pas car le lecteur ado comme le lecteur adulte saura apprécier ce moment passé en compagnie de Judith au coeur de l’imprimerie de sa famille. Ce tome fait partie d’une série qu’il sera indispensable de continuer à suivre au coeurs des conflits littéraires du XVIIIe.
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