Incroyable aventure éditoriale que celle de Cayla Kluver, dix-neuf ans. A seize ans, elle écrit Legacy, le premier tome d’une trilogie fantasy et l’édite à compte d’auteur. Repérée par Amazon Encore, la jeune fille connait peu à peu un succès mondial. Les lecteurs français ont pu découvrir début 2011 Alera, le premier tome. Et c’est aujourd’hui qu’ils pourront dévorer la suite, Le temps de la vengeance, aux éditions Le Masque.
Le lecteur avait laissé Alera, jeune princesse d’Hytanica, en proie à un dilemme, entre son coeur et sa raison. Devait-elle écouter ses parents en épousant Steldor, beau mais odieux, et monter sur le trône, ou abdiquer en faveur du beau Narian ? Au début de ce second tome, Alera a donc fait le choix du devoir et a épousé Steldor, devenant ainsi reine à l’aube de l’âge adulte. De bien lourdes responsabilités pèsent sur les épaules de la jeune fille, à l’heure où une guerre semble couver entre Hytanica et son ennemi de toujours…
Si le premier tome, bien que prenant, témoignait de la maladresse d’un tout jeune auteur, ce second tome offre un style plus maîtrisé, au service d’une intrigue un cran au dessus. Alera doit désormais découvrir la vie conjugale auprès d’un homme qu’elle n’aime pas et se faire à son nouveau statut de reine, qui se révèle parfois bien illusoire. Dans un monde patriarcal et résolument dominé par les hommes, Alera doit réfréner sa curiosité et se couler dans le rôle qu’on a conçu pour elle. A elle, la gestion domestique du royaume, tandis que son époux Steldor veille sur les questions de sécurité intérieure. La jeune femme prend la mesure d’une situation archaïque, où les femmes n’ont pas leur mot à dire. Bien que révoltée, Alera demeure sensible au bien-être du royaume. Si elle a cédé en apparence aux désirs de son père et de Steldor, elle demeure insoumise au fond d’elle-même. Des évènements inattendus vont bousculer le quotidien déjà difficile de la jeune femme.
Comme dans le premier tome, on retrouve les ingrédients habituels propres à tout récit fantasy pour adolescents : le combat entre deux nations, et un triangle amoureux. Cependant, Cayla Kluver évite avec talent le piège du manichéisme, grâce à des personnages contrastés et aux nuances apportées à la description des deux pays. Alera hésite toujours entre ses deux prétendants. Mariée à Steldor, elle ne peut que reconnaître sa valeur et sa beauté, mais elle est sans cesse brusquée par son tempérament incendiaire et sa prétention. Quant à Narian, il est au loin, et sa loyauté est remise en cause.
Le Temps de la vengeance est un de ces romans qui vous gardera éveillé la nuit, tant la volonté de savoir ce qui se passe à la page suivante est grande. Il est très tentant de le lire d’une traite. Cayla Kluver et son style ont mûri entre le premier tome et celui-ci, pour notre plus grand plaisir. Si elle continue sur sa lancée, cela promet de bons moments de lecture pour le dernier tome de la trilogie. Je remercie vivement Anne de MsK, grâce à qui j’ai pu découvrir Alera, Le temps de la vengeance dès le week-end dernier.
Le Temps de la vengeance, Cayla Kluver. MsK, 2012.
Ravie d’entendre que le style et l’histoire ont mûri depuis le premier volume ! J’avais été un peu refroidie par le côté histoire d’adolescente peu nuancée et j’avais peur que ça continue dans ce tome, me voilà rassurée 🙂