Il y a des dimanches pluvieux où le hasard nous porte dans une salle de cinéma et où seul notre instinct guide notre choix. Très souvent, on en ressort déçu mais parfois on se dit que le hasard fait plutôt bien les choses. Ce fut le cas pour moi et La fille du 14 juillet, film d’Antonin Peretjatko présenté à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes.
Qu’il est difficile de faire une comédie aujourd’hui et qu’il est admirable de s’y risquer ! C’est pourtant le défi qu’a relevé Antonin Peretjatko avec ce petit bijou du cinéma sorti en cette période « estivale ». Hector décide de séduire Truquette dont il est tombé sous le charme lors d’une rencontre dans un musée. Pour cela, il décide de l’emmener voir la mer avec sa copine Charlotte et convainc son ami Pator de les accompagner. C’est la crise, le gouvernement décide d’avancer la rentrée de deux semaines mais la joyeuse bande décide malgré tout de rouler en sens inverse du travail, sur les routes désertes de France.
Cet ovni comique nous replonge, pour notre plus grand plaisir, dans l’univers merveilleux de la nouvelle vague : road-movie à la Godard, dialogues décalés à la Queneau, faux raccords, interpellations du spectateur par les personnages, situations absurdes… Il y a un côté vintage et admirablement drôle dans ce premier long métrage où tout est maîtrisé. Amateurs de scénarios incroyables, passez votre chemin ! Car ce qui fait la force de ce film n’est en rien son scénario. Ce que l’on apprécie particulièrement, c’est le ton décalé, le côté pieds nickelés et le côté loufoque avec un fond de questionnement soixante-huitard sur la façon d’appréhender la liberté et la conformité.
Qu’il s’agisse de Vimala Pons, sous ses faux airs d’Anna Karina, du superbe Vincent Macaigne ou du grand Serge Trinquecoste dans un rôle de médecin escroc, on saluera bien-sûr la performance des acteurs.
Nul besoin de grands discours pour décrire ce bijou du cinéma français. C’est drôle, c’est léger, c’est fin, ça donne envie de partir en vacances et s’il y a bien une idée qui se dégage de ce film c’est bien celle que la vie vaut la peine d’être vécue et d’être partagée avec les gens qu’on aime. Alors n’y allez pas, courez-y !
La fille du 14 juillet d’Antonin Peretjatko, en salles depuis le 5 juin.
Inès