Starters est la nouvelle sensation en littérature jeunesse. Troisième titre de la nouvelle collection « R » de Robert Laffont, Starters est une dystopie qui récolte tous les suffrages. Mettant en scène une jeune fille face au monde de la rue, il trait de sujets très difficiles, comme la faim, la mort, ce que l’on est près à faire pour avoir de quoi survivre.
Dans un futur proche, le monde a été dévasté par une guerre bactériologique qui a tué toute personne entre vingt et soixante-dix ans. Comme l’espérance de vie a beaucoup augmenté avant la guerre, il est courant de croiser des gens âgés de cent, voir deux cents ans. Afin de protéger une population vieillissante, une série de lois est passée, interdisant le travail aux mineurs.
Callie, comme beaucoup d’adolescents rendus orphelins par la guerre, est donc livrée à elle-même, dans la rue. Chaque jour, elle lutte pour protéger son petit frère malade et trouver de quoi les nourrir. Lorsqu’elle entend parler de Prime Destinations, une occasion de gagner rapidement et simplement beaucoup d’argent, elle se rend à ce qu’on surnomme la banque des corps. En effet, dans ce lieu sinistre, des adolescents, appelés starters, louent leur corps à des personnes âgées, les enders, qui l’occupent pendant un jour, une semaine, un mois, afin de revivre leur jeunesse. Contrainte par l’adversité, Callie n’a d’autre choix que de signer…
Starters est une bonne dystopie pour adolescents faisant appel à une idée révoltante : la location des corps. Pour les enders aisés dont l’espérance de vie atteint désormais les deux cents ans, les liftings et autres opérations de chirurgie esthétique n’étaient pas suffisants. Il leur fallait pouvoir connaître de nouveauté la vitalité de la jeunesse, dans un corps qu’ils peuvent tester et malmener, car en cas de dommages corporels, ils ne risquent qu’une amende. Starters décrit une société de consommation poussée à l’extrême où l’être humain devient une marchandise comme les autres. La vie n’a plus aucune valeur, si ce n’est marchande. Callie est prise au piège dans un système qui ne lui laisse aucune chance : en effet, elle n’a plus aucun parent vivant, si ce n’est son petit frère. Elle n’a le choix qu’entre la rue, ou les asiles où l’on enferme les jeunes par dizaines. Chaque journée est un nouveau combat pour la très jeune fille. Sa vie n’est que fuite et débrouillardise.
Son chemin l’amène à la banque des corps. Trois locations, et elle toucherait suffisamment d’argent pour mettre son frère à l’abri. Mais si c’était aussi simple, il n’y aurait pas de roman, n’est-ce-pas ? La troisième location de Callie dégénère lorsqu’elle reprend brusquement conscience, aux dépends de sa locataire, et qu’elle apprend que celle-ci projette un meurtre. A partir de là, les choses vont se gâter.
Mais Callie, Cendrillon moderne, découvre également le luxe, en se glissant dans la peau de sa locataire. Elle ressent cruellement les inégalités sociales de ce monde manichéen, divisé entre jeunesse et vieillesse, pauvreté et richesse. L’injustice des choses n’en est que plus flagrante, d’autant plus que Callie découvre progressivement l’envers du décor, et tout ce que le gouvernement ou des firmes cachent au public. Heureusement, la rencontre de Blake, un jeune homme très sympathique, lui permet de vivre encore comme une adolescente. Car la guerre, et la banque des corps, ont précipité Callie dans le monde adulte.
Grâce à un récit rythmé et à un sujet dérangeant, Starters s’impose comme une dystopie efficace et particulièrement attrayante. Il est difficile de ne pas s’attacher à une jeune fille comme Callie, orpheline, prête à tout pour sauver son frère, même à une sorte de prostitution comme l’est la location des corps. Intègre et courageuse, elle a le cœur sur la main. Ce qu’elle vit est tout simplement effrayant. L’idée d’une guerre bactériologique décimant la population est malheureusement réaliste. Quant aux dérives de la science et de la chirurgie esthétique, elles sont tout aussi possibles. Tout ceci contribue à faire de Starters le roman jeunesse incontournable du mois.
Starters, Lissa Price. Robert Laffont, 2012.
Il a l’air de beaucoup plaire ce roman, faudra que je vois cela…
Bonne nuit 😉
Je suis un peu moins enthousiaste que toi, mais j’ai bien aimé quand même !
Il fait partie des romans que j’ai envie de lire =)
Ca a été une bonne surprise pour moi ! Vue la quantité de dystopies qui fleurissent en ce moment, j’avais peur de ne pas accrocher. Mais le concept de location de corps est intéressant et le livre est bien mené. L’héroïne m’a parfois un peu perturbé mais dans l’ensemble, ce tome 1 m’a donné envie de découvrir le tome 2 !
Je pense le lire un de ces jours 🙂 !!! Il me tente bien.