ROMAN — À Tel Aviv, deux escrocs qui, dans une autre vie, se seraient rêvés acteurs, ont en ligne de mire une riche Américaine venue avec son fils encore enfant. Le plan ? Jacob doit ménager une rencontre, la séduire, et enfin la dépouiller dans un final grandiloquent qui nécessite qu’on abatte un chien et qu’il avale une dose létale de somnifères. Son compagnon, Robert, sera là pour le sauver de justesse et pour échafauder le plan, à la moindre réplique près.
Car Robert est un homme de théâtre, qui voit chacune de ces arnaques comme une œuvre d’art, un morceau de littérature. Sous ses ordres, Jacob joue un rôle. À eux deux, ils revisitent Cyrano de Bergerac, les magouilles en plus.
C’est dans une ambiance poisseuse et presque douloureuse que les deux canailles plantent le décor de leur farce. Nous sommes en plein été, le soleil tape dur. Le lecteur a l’impression de sentir lui aussi la sueur lui dégouliner dans le dos, l’air moribond brassé par un ventilateur faiblard lui effleurer le front. L’atmosphère semble propice peu propice à une romance et pourtant, la touriste esseulée tombe rapidement sous le charme de Jacob… mais que faire si celui-ci se découvre subitement des états d’âme ?
Quelle galerie de personnages dans ce court roman ! On y croise des escrocs, des portiers complaisants, des veuves aisées, des sales mômes et même un bossu ! Tout ce petit monde s’agite sous le soleil impitoyable de Tel Aviv. Jacob est notre narrateur. C’est par son biais que nous découvrons les différents personnages : Robert, son partenaire, nous apparaît ainsi comme un homme certes épris de théâtre mais aussi vaguement répugnant. Sous ses yeux, la proie semble humaine et vulnérable. Mention spéciale au fils de la victime, un véritable petit monstre, capable des pires méfaits. Croisez les doigts pour ne jamais tomber sur un petit démon pareil sur le lieu de vos prochaines vacances ! Vous pourriez y perdre votre tranquillité, votre tuba… et même votre perruque !
La Mort du deuxième chien est un roman joyeusement loufoque, qui nous livre de beaux portraits de personnages délicieusement absurdes et filous (Robert, Jacob et le gamin, John, en tête). Une drôle de parenthèse, pour qui veut fuir un temps la grisaille parisienne !
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