EN BREF — Aujourd’hui, dans les Chroniques express, nous vous parlons littérature américaine, avec des titres divers et variés ! Petit tour d’horizon de certaines de nos lectures récentes !
Massachussets : Les Soeurs de Fall River, Sarah Schmidt (Rivages)
C’est à partir d’un fait divers qui a défrayé la chronique aux États-Unis à la fin du XIXe siècle que Sarah Schmidt a tissé son intrigue : dans une maison, un homme et son épouse sont retrouvés assassinés. Qui est le coupable ? Ne serait-ce pas Lizzie, la fille de la famille, qui ne semble pas avoir toute sa tête ? Ou Emma, son aînée ? L’intrigue progresse lentement, pour nous faire pénétrer dans l’intimité de cette famille dysfonctionnelle. Les deux soeurs adultes cohabitent sous le même toit que leur père et que la nouvelle épouse de celui-ci et la demeure familiale tient plus de la prison que du foyer aimant. Sarah Schmidt s’emploie à dépeindre une ambiance glauque et pesante, à dresser le portrait d’une famille en pleine décomposition et, de ce point de vue là, ça fonctionne plutôt bien. C’est davantage un roman à ambiance qu’un récit à suspense et, au-delà du crime, l’intrigue parle également de liberté, de la difficulté pour une jeune femme de trouver sa place, surtout si elle n’est pas mariée. Résultat, le lecteur se sent bien souvent oppressé de concert avec les personnages… Le récit se lit donc en apnée, ce qui montre bien que l’autrice a réussi son pari !
Au passage, précisons que le roman est en cours d’adaptation pour le cinéma et la télévision !
Les Soeurs de Fall River, Sarah Schmidt. Rivages, 2018. Traduit de l’anglais par Mathilde Bach.
Alabama : Barracoon : L’histoire du dernier esclave américain, Zora Neale Hurston (JC Lattès)
Voilà un document d’une importance cruciale pour qui s’intéresse à l’histoire de l’esclavage aux États-Unis : Barracoon, c’est le témoignage d’un ancien esclave, un des derniers à avoir été enlevé en Afrique pour être traîné illégalement en Amérique. Recueillis par Zora Neale Hurston, ces souvenirs sont extrêmement précieux d’un point de vue historique, car rares sont les esclaves et ex-esclaves à avoir pu témoigner des conditions atroces de leur capture, de la traversée de l’Atlantique et enfin, de l’esclavage aux USA. Cudjo Lewis avait 86 ans lorsqu’il rencontre Zora Neale Hurston : il est arrivé sur le sol américain à l’aube de la guerre civile américaine, alors que le fait d’importer de nouveaux esclaves d’Afrique était déjà interdit depuis plusieurs décennies. Cinq ans après son arrivée, c’est la fin du conflit, et la libération de tous les esclaves. Mais ce n’est pas la fin des ennuis pour Cudjo : sa vie sera émaillées de drames et d’humiliations.
Histoire d’autant plus tragique qu’elle est absolument vraie, le récit de Cudjo a été retranscrit de la manière la plus authentique possible : ne vous attendez pas à un récit romancé, il s’agit bel et bien d’un document historique. Le lecteur sera peut-être déstabilisé par l’ensemble des ajouts annexes, le témoignage en lui-même étant assez court : mais tout ceci est utile pour apporter le contexte nécessaire à la bonne compréhension de cette histoire. À lire si vous êtes férus d’Histoire, mais pas si vous souhaitez lire un roman, auquel cas, on vous orientera davantage sur des livres comme Beloved ou No Home.
Barracoon : L’histoire du dernier esclave américain, Zora Neale Hurston. Jean-Claude Lattès, 2019. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Kanor, David Fauquemberg.
MISSOURI : Toute la ville en parle, Fannie Flagg (Le Cherche-Midi)
Fannie Flagg est très connue pour son roman Beignets de tomates vertes, aussi nous étions très curieux de découvrir son nouvel opus, qui suit une ville toute entière depuis sa conception à la fin du XIXe siècle jusqu’à notre époque. Original de part sa forme, qui donne voix à TOUTE la ville et qui suit des familles sur de nombreuses générations, Toute la ville en parle suit de près l’évolution de la société américaine : les guerres, les modes, les polémiques les plus emblématiques émaillent toutes le récit de la vie de cette petite communauté d’origine suédoise. Le temps qui passe, la ville qui prospère, la construction d’une identité américaine, les amours qui se font et se défont, les morts (parfois suspectes) : c’est toute la vie d’Elmwood Springs que Fannie Flagg passe à la loupe. Le roman, choral, parvient à ne jamais lasser le lecteur, malgré les très nombreux personnages qui font l’histoire. En revanche, nous sommes restés assez sceptiques quant à la fin du roman, et le choix de l’autrice de donner voix à TOUS les personnages de l’histoire, y compris à ceux qui sont décédés. C’était sans doute une manière de susciter davantage d’empathie et d’émotion, mais le résultat est finalement assez artificiel. Dommage, car le reste du roman est somme toute très convaincant !
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