C’était malgré nous, Caroline Fabre-Rousseau

Il suffit d’un rien pour que votre vie bascule. C’est ce que découvre une famille, à cause d’une simple partition de musique. Un jour, tout peut changer. C’est ce que nous prouve C’était malgré nous, le premier roman de Caroline Fabre-Rousseau.

C’était pourtant un couple sans histoire : les parents ont environ la quarantaine, ils ont deux garçons, Jules et Adrien. Mais sous ce bonheur apparent se dissimule un mal-être. C’est la séparation. Quand un couple explose, c’est tout l’entourage qui souffre, et certains secrets de famille peuvent remonter à la surface. C’est ce que raconte C’était malgré nous, un très beau roman qui explore des thèmes de société, les liens familiaux et le poids du passé.

C’était malgré nous commence tout en douceur, par une scène anodine : une rencontre autour d’une photocopieuse suffit parfois à changer votre vie. Très vite, le lecteur se prend d’affection pour ce narrateur qui se dévoile au fil des pages, et lui avoue son malaise, sa sensation de ne pas être à sa place, d’avoir commis une erreur. Puis, d’autres voix prennent le relais, telle la voix adolescente de Jules, qui observe le divorce de ses parents avec tristesse, une situation malheureusement de plus en plus commune, ou encore Thérèse, qui se demande dans quelle mesure elle est responsable du divorce de son fils. Thérèse, mère toute puissante, est un personnage d’une grande force. Certes tyrannique et peu tolérante, elle est prête à tout pour protéger sa famille, y compris au silence ou au mensonge. Pendant quarante ans, elle a caché à son entourage un lourd secret de famille. Qui était Marcel Müller, son père, un alsacien « malgré nous », enrôlé dans l’armée allemande et fait prisonnier par les Soviétiques ? Au fils de Thérèse de partir à la recherche de ses racines.

C’était malgré nous est pourtant un roman résolument optimiste : après l’éclatement d’une cellule familiale, il faut parfois du temps pour reprendre goût à la vie. Mais c’est possible, ce que nous prouvent les personnages de ce roman, qui sont tous très attachants à leur manière.  Le lecteur ne peut que les contempler avec bienveillance. Les personnages évoluent, apprennent, grandissent. La musique, l’équitation et les voyages leur permettent de trouver leur place dans un monde instable. Quant aux liens familiaux, malgré les épreuves, ils en sortent plus étroits que jamais.

Émouvant et juste, C’était malgré nous évoque des thèmes sensibles avec pudeur. C’est pour moi une très jolie surprise, car ce livre a été un véritable coup de cœur.

J’ajoute que j’ai lu ce livre juste après Corps étrangers, de Cynthia Ozick. J’ai trouvé une résonance entre ces deux livres, qui évoquent tous deux les liens familiaux, la puissance de la musique, et la deuxième guerre mondiale. Aussi, je vous conseille de lire les deux à la suite.

C’était malgré nous, Caroline Fabre-Rousseau. Éditions Prisma, 2012.

2 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.