Just kids, Patti Smith

La quatrième de couverture nous prévient d’emblée : cela commence comme une histoire d’amour, et cela se termine comme une élégie. Just Kids n’est pas un roman, mais si ça en avait été un, il aurait été fort, mais guère davantage. Il s’agit en réalité d’une autobiographie, ce qui rend l’histoire de Patti et de Robert encore plus prenante que si elle avait été purement fictionnelle.

Patti Smith nous offre donc un récit autobiographique, qui évoque son enfance dans les années 50 et son mariage en 1980, mais s’attarde tout particulièrement sur les années 1960-1970. Tout juste sortie de l’adolescence, la jeune fille quitte sa banlieue pour rejoindre New York, ville des artistes, des poètes et des originaux. Une rencontre fortuite avec un jeune homme change sa vie : avec son compagnon Robert Mapplethorpe, Patti vit la vie de bohème, dormait dehors ou chez des amis, mangeant parfois, travaillant ici et là…

Magnifique portrait d’une ville et de sa vie artistique, Just Kids n’est pas juste l’autobiographie d’une poète et d’un photographe. En presque quatre cents pages, Patti Smith saisit l’essence même de New York, avec ses lieux emblématiques, et ceux anonymes, mais typiques, de la ville, tels les diners, les librairies, les hôtels. Au fil des pages, le lecteur croise Andy Wahrol et sa cour, Janis Joplin, Jimi Hendrix, et bien d’autres. Patti Smith parvient à faire revivre un milieu artistique en quête de transgression et de reconnaissance, non sans une certaine nostalgie. Car l’époque est bel et bien révolue désormais. Les personnages qui hantent le récit de Patti Smith sont pour la plupart morts. Difficile de ne pas songer aux tristes fins de Janis Joplin, Jimi Hendrix et Jim Morrison quand Patti les croise, peu de temps avant leurs décès respectifs.

Just Kids est également une histoire d’amour tout ce qu’il y a de moins commune. La relation entre Patti et Robert est faite de hauts et de bas, de ruptures et de retrouvailles. Amis avant d’être amants, ils entretiennent une relation fusionnelle, se nourrissant de l’autre pour produire leur art. Car l’art avec un grand A occupe une place centrale dans leur relation, et dans le livre. Marginaux, ils vont vivre des périodes difficiles, vont connaître la faim, vont être sans domicile. Ils rejettent les conventions sociales des années 60 et 70 en ne se mariant pas, en ne gardant pas d’emploi stable, en n’ayant pas d’enfants, et se consacrent à la poésie, à l’art, à la musique.

Patti Smith est une conteuse hors-pair. Dès les premières lignes, son écriture maîtrisée agrippe le lecteur et ne le lâche plus jusqu’à la fin. Nous découvrons une jeune femme intelligente, éprise de culture, de liberté et de beauté, qui nous surprend par son courage et sa volonté. En somme, Just Kids est une excellente surprise, et on en sort nostalgique, d’une époque que l’on n’a pourtant pas connue. C’est tout le paradoxe de ce livre, qui nous ferait presque regretter une époque sans qu’on l’ait vécue.

Just Kids, Patti Smith. Gallimard Folio, 2012.

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