Fruit d’une collaboration entre un Corse et un Algérien, Alger sans Mozart est un roman polyphonique qui entrelace plusieurs récits, à différentes époques. Véritable hommage à l’Algérie, Alger sans Mozart revient sur l’indépendance, et ses conséquences, tant pour les Algériens que pour les colons. Magnifique portrait d’un pays, Alger sans Mozart est publié cinquante ans après les accords d’Evian, et la fin de la domination française en Algérie.
Plusieurs voix s’entremêlent dans ce récit : celle de Louise, d’abord, qui s’avère le personnage le plus important de l’histoire. Louise est une femme de l’entredeux : ni algérienne, ni véritablement française, Louise souffrira toute sa vie du schisme entre son pays de naissance et son pays d’adoption. Abandonnée par sa famille française, rejetée par sa belle-famille algérienne, Louise a vécu les dernières années de l’Algérie française et reste, dans les années 2000, enfermée dans son appartement algérois, refusant de partir. La voix de Marc, son neveu, se fait également entendre. Fils d’un homme farouchement opposé à l’indépendance algérienne, Marc n’a jamais su trouver sa place dans une famille à qui il rappelle trop le deuil de leur vie d’antan. Cynique et désespéré, il bouleversera la vie de sa tante, et de Sofiane, l’ultime protagoniste. Jeune garçon né dans l’Algérie libre, Sofiane est dynamique et curieux. Contrairement aux deux autres personnages, son regard est résolument tourné vers l’avenir. Mais écrasé par le poids d’une société qu’il ne comprend plus, par une ville où il s’ennuie, il se sent prêt à tout pour partir dans cette France qui le fascine tant.
Nos trois personnages, et tous ceux qui les entourent semblent écrasés par une destinée qui les dépassent. Louise, impuissante, observe l’Algérie qu’elle connaît disparaître. Alors qu’elle œuvre avec son futur époux à la libération du pays, les évènements lui échappent. Elle perd peu à peu toute emprise sur sa vie, devient le témoin impuissant de l’islamisation à outrance du pays et de la destruction des symboles français. Alger sans Mozart est certes un roman historique, mais c’est également le portrait d’une femme qui ose, qui n’hésite pas à s’engager dans la résistance des Algériens face à une France méprisante, et qui épouse un Algérien contre l’avis de sa famille. Mais, à l’aube d’un siècle nouveau, nous retrouvons Louise défaite, ultime représentante de la France d’hier. Elle se sent oubliée, et dépassée. Le français qu’elle parle est devenu désuet. Elle se sent algérienne, mais est perçue par la population comme une étrangère. Son destin ne peut manquer d’émouvoir le lecteur.
La fraîcheur de Sofiane contraste. Jeune homme intelligent et curieux, il a tout son avenir devant lui. Devenu l’unique ami de Louise, il apprend par elle le passé de son pays, découvre la culture française et voit naître en lui un profond désir d’émancipation. Louise lui apprend le doute, et lui donne des clefs pour réfléchir par lui-même.
Marc sera finalement le catalyseur des destins des deux autres personnages. Il rappelle à Louise ce neveu décédé, si beau et si charmeur, avec qui elle a grandi. Pour Sofiane, Marc est un radeau de sauvetage, son laisser-passer pour l’Europe, l’aventure, la gloire et la richesse.
Entre les trois protagonistes se noue une relation mi-amour, mi-haine, à l’instar de celle qu’ils entretiennent tout trois envers l’Algérie. Déchirés entre la Paris et Alger, ils sont l’incarnation de cette fascination mutuelle qui existe entre les deux pays, et de la quête d’identité d’un pays qui nie son passé mais ne peut totalement renier son héritage. Héroïne passionnée dans sa jeunesse, Louise n’est plus qu’une vieille femme obèse qui écoute Mozart dans son appartement pour couvrir l’appel des minarets. Alger, autrefois ville splendide, devient, à travers le prisme du regard de la vieille femme, une ville décadente qu’elle ne peut pourtant se résoudre à quitter.
Magnifique roman à quatre mains, Alger sans Mozart est écrit sans fioriture et sait trouver le ton juste. Il évoque avec vérité les relations paradoxales de la France et de l’Algérie et dresse un portrait de femme inoubliable en la personne de Louise qui, en un roman, semble avoir vécu plusieurs vies.
Alger sans Mozart, Canesi & Rahmani. Naïve livres, 2012.
je crois que c’est un beau roman il etait temp de le faire !
Un roman qui m’a l’air intéressant. Je le note de suite!
Quatuor en Sol Majeur
Je l’ai feuilleté et je ne le lirai pas.
Ce n’est pas ce que j’attendais, une histoire tranchée sans faux fuyants: » L’héroine, Louise, oeuvre avec son mari à la libération du pays », comprendre le FLN – tout est dit – voilà un bel exemple d’euphémisme pour atténuer la notion carrément déplaisante de Traître à son Pays joué à quatre- mains par les co-auteurs sur fond de petite musique à nous endormir un peu mieux!
Quand la bêtise e tla haine aveuglent ça donne le commentaire que voilà !
Je note car ce roman me semble bien intéressant!
il a l’air intéressant ce roman. je le note également. Si ça continue comme ça, l’écrivain va arriver à faire lire son roman à de nombreuses personnes.