A l’automne 2001, Megan Stack, journaliste pour le L. A. Times, part en Afghanistan à la suite du 11 septembre. Pour la toute jeune femme de vingt-cinq ans, qui n’a jamais couvert de conflit, le choc sera brutal, l’engouement pour cette partie du monde immédiat. Ce premier reportage sera le début d’un périple de cinq ans, en Israël, au Yemen, en Egypte, en Irak. Elle découvrira l’enfer de la guerre, la réalité de la violence au quotidien, les attentats suicide, l’humiliation que vivent les femmes dans certaines parties du monde. Pour la jeune femme, il est difficile de revenir dans l’Amérique post-9/11, qu’elle ne comprend plus. Là bas, elle fait face à la haine de ses compatriotes vis à vis du Moyen-Orient, traumatisés par les attentats. Elle ne se reconnaît pas dans cette haine, cette méfiance, cette envie de vengeance, surtout après avoir vu les représailles américaines en Irak. Devenue presque apatride, la jeune femme est déchirée entre son identité d’Américaine, et sa passion pour les paysages et la culture des pays dans lesquels elle voyage.
Tous les hommes de ce village sont des menteurs est un livre très instructif qui nous dévoile la réalité d’un conflit que nous n’avons vécu que d’un seul côté. A travers le regard choqué de la journaliste, le lecteur est plongé dans des pays où la guerre, la faim, la peur sont des réalités. Car Megan Stack ira également au Liban, où elle verra de nombreux bombardements, et en Israël, où elle sera amenée à couvrir plusieurs attentats suicide. Megan Stack observe le Moyen-Orient à la loupe, grâce à de nombreux entretiens et à des rencontres d’une grande richesse. Chaque portrait qu’elle a fait l’ont profondément marquée. A cette étrangère à l’oreille attentive, les gens se confient, expliquent la torture, les privations, la vie sous la dictature. Difficile de rester indemne après cinq ans passés face à la violence de l’humanité.
Dans ces pays d’homme, Megan est une femme : une position qui n’est pas facile. On s’étonne tout de même de l’apparente liberté dont elle dispose. Elle n’est certes pas accueillie partout, elle risque sa vie, elle est contrainte de se couvrir. Mais sa féminité l’autorise à interroger des femmes qui ne se seraient jamais livrées à un journaliste homme. Son regard sur les évènements est unique.
C’est un récit sensible, et très personnel, qui bien que tiré de souvenirs et de fragments de notes, se lit avec la facilité d’un roman. On a le sentiment d’apprendre beaucoup à la lecture de ce livre écrit avec beaucoup d’humanité.
Daniel a également lu ce livre : son avis.
Tous les hommes de ce village sont des menteurs, Megan Stack. Rue Fromentin, 2013.
Un genre de témoignage qui ne doit pas courir les rues, je suppose. Ta chronique donne bien envie d’y jeter un coup d’œil, en tout cas, surtout s’il se lit comme un roman ; ce qui est vraiment un très bon point, je crois!
Une lecture fort instructive pour moi aussi, et la découverte d’un regard particulier. J’en parlais hier soir sur mon blog: http://fattorius.over-blog.com/article-megan-k-stack-chroniques-de-la-guerre-et-du-mensonge-115534216.html
Cela, sans oublier l’idée de démêler le vrai du faux en permanence… suggérée par le titre de ce témoignage.