« The fault, dear Brutus, is not in our stars,
But in ourselves, that we are underlings. »
Cette citation du célébrissime Jules César de Shakespeare est celle qui a donné son titre au dernier roman de John Green, The Fault in our stars. Le titre français, Nos Etoiles contraires est lui aussi tiré d’une œuvre de Shakespeare, mais il s’agit de Roméo et Juliette. Car à l’instar de Roméo et Juliette, les personnages de Nos Étoiles contraires connaîtront une vie compliquée.
Hazel a 16 ans et vit entourée de ses deux parents aimants. Du haut de son jeune âge, elle suit un cursus de littérature à l’université, réfléchit et lit beaucoup. Oui mais voilà. Hazel est atteinte d’un cancer. En phase terminale. Ses poumons ne fonctionnent plus depuis longtemps, et elle vit en permanence avec une bouteille d’oxygène. Même si son état est stabilisé grâce à un miraculeux médicament, ses jours sont comptés. Pour faire plaisir à sa mère, elle consent à se rendre à un groupe de soutien aux adolescents atteints du cancer, bien qu’elle s’y ennuie profondément. Là-bas, elle croise la route d’Augustus, un grand jeune homme, en rémission d’un ostéosarcome qui lui a volé une jambe. Augustus, tout comme Hazel, aime la vie, et ne voit pas pourquoi il devrait se priver, surtout maintenant qu’il est en rémission. Hazel, de son côté, sachant son temps compté, limite au maximum ses interactions avec les autres êtres humains, surtout lorsqu’il s’agit de jeunes hommes très attirants.
Nos Étoiles contraires, on s’en doutait dès le titre, est loin d’être une fade bluette adolescente. Non, Nos Étoiles contraires est un roman aussi dur que fort. Pourtant, n’imaginez pas que le dernier-né de John Green est un roman d’une insupportable tristesse. Ce serait même plutôt l’inverse. Hazel et Augustus ne sont pas des adolescents comme les autres : ils ne vivent pas, ils tâchent seulement de survivre, ce qui leur demande beaucoup d’énergie. C’est leur passion commune pour la littérature qui les rapproche, leur procurant des petits moments de bonheur bienvenus, sans qu’ils pensent à quoi que ce soit d’autre.
Difficile, dans ces circonstances, de ne pas s’attacher à ces combattants de l’ordinaire, tellement enthousiastes et pleins de vie, malgré la dure vie qu’ils traversent. Difficile aussi de ne pas imaginer quelles seraient nos réactions dans les mêmes circonstances. C’est là que John Green fait très fort. Car des romans sur la maladie, il y en a. De belles histoires, il y en a aussi. Mais des romans qui allient les deux, et traitent, de plus, le thème si difficile de la maladie de façon sensée et intelligente, il y en a peu. Nos Étoiles contraires est du nombre. John Green s’attache à décrire au plus juste ces deux adolescents. De sa plume fluide et directe, il embarque aisément le lecteur, et lui fait ressentir les diverses et puissantes émotions qu’il insuffle au texte. Hazel et Augustus, malgré leur maladie avancée, font preuve d’un sens de l’humour et d’un cynisme à toute épreuve. Oh, bien sûr, le roman traite de la maladie et de la mort. Mais il serait dommage de croire que Nos Étoiles contraires est seulement un roman sur la maladie, l’amour et la mort ; c’est surtout un roman sur la vie, et sur l’inénarrable optimisme qui se dégage du roman. Successivement, on rit, on pleure, mais on ne peut s’empêcher de continuer, de rempiler et de prolonger l’expérience, si intense et douloureuse soit-elle.
Nos Étoiles contraires est une petite pépite de littérature jeunesse, comme en voit trop peu souvent. Oui, on est souvent obligé de sortir un mouchoir. Oui, on en veut beaucoup à John Green de ces développements inattendus. Mais, une fois tournée la dernière page, il faut s’accorder sur un point : Nos Étoiles contraires est un excellent roman, pas uniquement réservé aux adolescents, d’ailleurs. Non, il serait même à mettre entre toutes les mains, tant il est brillant, poétique, et éminemment subtil. Ne vous laissez p as décourager par le résumé et lancez-vous dans ce roman à haute teneur vitale. Émotions fortes garanties.
Nos Étoiles contraires, John Green. Éditions Nathan, 2013.
Par Oihana
Merci pour cette jolie chronique !!! 😀