Le faiseur d’histoire, Stephen Fry

Le voyage dans le temps,  ainsi que ses conséquences, a toujours fasciné l’homme. Que feriez-vous si vous aviez la possibilité de voyager dans le temps? Assister à la naissance du Christ? dire à Kennedy d’éviter Dallas ? Voler l’almanach des sports, et faire fortune? Stephen Fry, lui, imagine un héros qui empêcherait la naissance d’Hitler. Mais jouer avec l’Histoire a toujours des conséquences…

1996, Cambridge. Michael Young s’apprête à rendre sa thèse sur l’histoire moderne de l’Europe qui, pense-t-il, lui assurera un poste de professeur respecté et lui permettra de reconquérir sa petite amie acariâtre. Son chemin croise celui du professeur Zuckermann, obsédé par le génocide. A eux deux, ils décident d’influer sur le cours de l’histoire, en empêchant la naissance du plus grand fléau de l’humanité, Adolf Hitler.

Je ne sais pas vous, mais moi, le voyage dans le temps m’a toujours fasciné. Ici, nos héros ne voyagent pas à proprement parler dans le temps, mais parviennent à changer le passé grâce à une machine au fonctionnement à la fois assez peu crédible, et trop peu détaillé à mon sens. Peu importe, car malgré une certaine réticence vis à vis de cette machine, le récit se dévore en quelques jours. Oui, car l’idée donne le vertige : en supprimant Hitler, qui sait quel monde serait le notre? C’est ce que découvre Michael, notre héros délicieusement maladroit et britannique, tantôt brillant, tantôt puéril. Un Michael propulsé dans un monde qui ne connait pas Hitler, un monde dont je ne peux vous parler sans vous en révéler trop sur l’intrigue. Sachez juste qu’il peut, malheureusement, il y avoir pire, et que l’Histoire peut s’avérer très ironique.

Uchronie intelligente et servie par un style décapant, très british, Le faiseur d’histoire est présenté comme un savant mélange entre de la science-fiction, et du Armistead Maupin. Si vous avez lu The gun seller, d’Hugh Laurie, vous retrouverez le même genre d’humour : en effet, Hugh Laurie et Stephen Fry sont très amis et ont été autrefois un duo comique réputé. Le style de Stephen Fry est déjanté, vif et drôle : en plus de la science-fiction, on nous promet « une comédie romantique gay », ce qui donne, à mon avis, une idée du mélange des genres opéré dans ce livre. Les jeux de mots foisonnent dans le récit, et sont parfois intraduisibles, avec de nombreuses comparaisons entre anglais britannique, et anglais américain. Le style de l’auteur emprunte également souvent au cinéma, en mettant en scène certains passages de manière très visuelle, comme un script. Au début du récit, nous alternons entre le récit de Michael, thésard maladroit aux expressions d’adolescent, et celui de Klara,  une autrichienne qui, sans le savoir, mettra au monde un fléau. Cette manière de procéder peut paraître lente : en réalité, elle met en place tous les éléments qui nous permettrons de comprendre le dénouement.

Tout cela nous amène à réfléchir à l’Histoire que, de toute évidence, on ne peut changer impunément : en croyant faire le bien en supprimant le mal, l’on peut déclencher quelque chose de pire encore. Michael l’apprendra à ses dépends : en empêchant Hitler de naître, c’est le monde entier qui change, aussi bien politiquement et économiquement, que culturellement et évolue vers un scénario catastrophe qui fait froid dans le dos. A méditer. En attendant, je vous conseille vivement cet excellent roman, grâce auquel j’ai passé un très bon moment de lecture. Je remercie vivement Folio SF et Livraddict de m’avoir fait découvrir ce livre.

8 Commentaires

  1. J’ai pas trop aimé moi… J’ai trouvé ça long et un peu lourd au niveau du style… Et puis j’ai pas trouvé ça spécialement original au niveau de l’idée… Certains auteurs s’en sont mieux sortis avec le même postulat de départ je trouve… Et puis bien que Hitler n’ait jamais existé, le parcours de l’autre reprend quand même à peu près le parcours de Hitler, du coup c’est plus tellement surprenant…

  2. Petite question : une lecture en version originale ou en traduction française ?
    J’ai toujours aimé les utopieset les uchronies, ce genre de bouquins dans lesquels on découvre quel pourrait être notre monde sans éléments clés de notre grande Histoire. Mais, finalement, on se rend bien trop souvent compte que, malgré nos malheurs, nous avons peut-être choisi la « bonne » voie…

    • Je l’ai lu en français, car c’était un partenariat avec Folio : cependant, à choisir, je crois que je me serais tournée vers la version originale. Si l’on est très bon en anglais, ça doit être un régal !

  3. Je sais pas trop, les avis diffèrent sur ce livre j’entends du bon comme du moins bon. Après il faut voir j’aime bien d’habitude les Uchronies en SF. En tout cas ton avis est vraiment convaincant.

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