On nous rebat les oreilles avec les nouvelles technologies. Mais si on aspirait à autre chose ? C’est le parti-pris qu’ont choisi Alex Formika et Anne Debrienne pour ce recueil loufoque et pas piqué des hannetons !
Anne Debrienne, conceptrice-rédactrice publicitaire, habituée à rédiger des réclames des temps modernes, met ici sa plume au service de la fausse publicité, de la réclame frauduleuse et gentiment ironique. En regard de chacune des trente-six illustrations, un texte (de longueur variable), vantant les mérites de tel ou tel produit totalement improbable et tout droit sorti d’un futur… qui revient décidément aux sources !
Ainsi, vous êtes frustré de ne pas partir en vacances ? Achetez Pschitt Airline, le seul vaporisateur d’odeur de vacances (Hawaï, Tahiti, Acapulco et tutti quanti). Le texte ne sert pas tant à vanter les mérites du-dit produit qu’à s’interroger sur ce qui se cache derrière la fameuse invention. Si on réfléchit bien à Pschitt Airline, on se demandera ce qui nous reste réellement d’un voyage, hormis 5 Go de fichiers numériques qu’on aura, de toute façon, la flemme de trier et qu’on ne regardera pas si souvent que ça.
En regard de la « Voiturex » – la technologie de la chaussure au service de la voiture propre – ce dont les bienfaits de la marche à pieds qui sont vantés. Ce qui fait que, comme annoncé dans l’introduction, on se demande si on ne cherche pas, en fait, à revenir des nouvelles technologies vers quelque chose de plus naturel, simple, voire écologique ? Et les sujets traités en filigrane sont nombreux ! Addictions, arrivisme, génétique, nano-technologies, pesticides, efforts physiques… Il y en a pour tous les goûts et les textes un peu grinçants sont extrêmement divertissants !
Mais tout cela ne serait rien sans les illustrations qui vont avec. Celles-ci réinvestissent les codes publicitaires des années 50 et nous proposent des illustrations aux traits et choix graphiques délicieusement surannés, le tout rehaussé de couleurs très vives, dans le plus pur style de l’âge d’or de la publicité vintage.
Au final, C’était mieux demain est un petit ovni, mais un ovni à la fois drôle et qui fait réfléchir ! À mi-chemin entre réclames et billets d’humeur, les textes appuient les inventions qui réussissent à être loufoques (vraiment, certaines trouvailles sont fantastiques), désirables (on rêve tous de l’armée de nano-femmes de ménage) et dérangeantes (que l’on pense aux petits pois élevés aux pesticides les protégeant des produits naturels!), Voilà un documentaire qui, pourtant, remet les idées en place. Comme annoncé par les auteurs, un produit tout à fait conseillé à vous-même parce que vous le valez bien, à une belle-mère qui cherche toujours à être au top, à votre patron qui rêve de monter une autre start-up, à un(e) geek qui a plus d’un megabit d’humour, et bien sûr à tous ceux qui méritent toute votre attention entre deux pages de pub et qui peuvent faire preuve d’autant de fantaisie que d’esprit critique !
C’était mieux demain, Anne Debrienne (textes) & Alex Formika (illustrations). Akiléos, 2014.
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