Le Frankenstein de Mary Shelley a été maintes fois adapté et l’année 2015 voit sortir une nouvelle adaptation, signée Paul McGuigan et sobrement titrée Docteur Frankenstein. James McAvoy (le docteur) et Daniel Radcliffe (Igor) en partagent la tête d’affiche.
Angleterre, XIXe siècle. Le docteur Frankenstein dégote un bossu pétri de sciences dans un cirque et l’embarque sans autre forme de procès pour ses projets. Après l’avoir redressé (en crevant l’abcès surdimensionné qui lui déformait le rachis), accueilli, nommé (en lui donnant le nom de son colocataire aux abonnés absents, Igor) et dégrossi, il le met au fait de ses recherches. Victor, du haut de ses études de médecine, a la ferme intention de créer… la vie. Et les connaissances anatomiques d’Igor vont lui être d’une grande aide. La suite, tout le monde la connaît : flanqué de son assistant, Victor parvient à réaliser l’impensable et crée un monstre.
Quid de cette énième adaptation, donc ? Eh bien si vous cherchez une pure adaptation du roman de Mary Shelley, il vaut mieux passer votre chemin. En revanche, si c’est un blockbuster hollywoodien qui vous intéresse, foncez !
On retrouve dans le film tout ce qui fait le succès des films d’action à gros budget : tout d’abord, de l’action à foison. De l’entrée en matière avec la bagarre au cirque au combat final contre la créature de Frankenstein, en passant par la lutte acharnée entre Frankenstein (le docteur) et Scotland Yard, le film est énergique, dynamique à souhait : au détriment, peut-être, de la profondeur de l’histoire.
Pour pimenter l’affaire, une petite romance vient s’installer en marge de l’histoire : si elle n’a pas grand intérêt pour la trame centrale, elle ravira sans aucun doute les aficionados d’histoires sentimentales. Elle permet, au passage, d’humaniser à peu de frais le personnage d’Igor, qui a manqué d’expériences en tous genres et, hormis en médecine, s’avère assez ignare.
Ce qui sous-tend l’histoire de Frankenstein, c’est la lutte idéologique entre les savants fous tenants de la science et les opposants cartésiens – ici représentés par l’inspecteur de Scotland Yard, pour qui la science confine à la magie et doit donc être éradiquée et par Igor, qui éprouve bien vite des doutes quant au bien-fondé de leur action. Finalement, hormis dans les affrontements physiques et la révélation finale qui frappe Victor, le docteur Frankenstein, il faut reconnaître que cette lutte n’est pas si omniprésente que ce à quoi on aurait pu s’attendre.
Heureusement, les décors, la musique et l’ambiance générale, très réussis, figurent au nombre des bons points. L’Angleterre victorienne choisie apporte une petite touche pas désagréable et permet de faire ressortir l’opposition entre la science à tout prix et la raison. De plus, au vu du sujet adapté, il faut reconnaître que le film n’est que modérément gore : en dehors des séquences anatomiques (et elles ne sont pas si nombreuses que cela), il y a peu d’hémoglobine et d’organes à l’air à déplorer.
En somme, cette adaptation très libre souffre de quelques faiblesses, du point de vue de la profondeur du scénario, par exemple. Mais l’ambiance générale du film, la sublime photographie, la musique, le rythme et les petites histoires annexes en font un honnête divertissement.
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