CONTES — Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants : cette phrase, bien connue des lecteurs de jolies histoires, clôture la plupart des contes de notre jeunesse. Tout est bien qui finit bien, en une conclusion résolument optimiste, mais un peu fade, édulcorée pour ne pas choquer le jeune public, quand les contes ne sont pas tout simplement passés à la moulinette Disney. Michael Cunningham a pris le parti de décortiquer cette fin standard et convenue, en réécrivant certains des contes les plus célèbres de manière détournée, en imaginant un point de vue différent (la sorcière plutôt qu’Hansel et Gretel, par exemple), ou en accentuant la noirceur de certaines fables.
Le résultat ? Dix nouvelles sombres et parfois franchement cyniques, que vous apprécierez d’autant plus si vous avez en tête les contes dont Michael Cunningham s’inspire. Comme bien souvent lorsqu’un auteur s’adonne à la forme courte, le résultat est un peu inégal. Certaines nouvelles marquent plus que d’autres : on gardera ainsi en tête « La Bête », récit reprenant l’histoire de la Belle et la Bête et dont la chute est particulièrement réussie. On se souviendra également d' »Une patte de singe », histoire qui fait froid dans le dos.
Avec Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et puis…, Michael Cunningham nous propose une forme très contemporaine (avec une irruption parfois surprenante de la modernité au sein de l’histoire !) et plus nuancée des contes que nous connaissons : pas de manichéisme exacerbé comme dans les oeuvres originales dont il s’inspire, et une version somme toute très contrastée de la notion de bonheur. Le résultat est donc globalement plus réaliste.
C’est de plus un bel objet, car la prose de Michael Cunningham est illustrée par Yuko Shimizu, dont les dessins possèdent un charme onirique très en phase avec le texte.
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