De Byzance à Istanbul, voyage dans le temps en Turquie

Istanbul, ville carrefour, immense, exotique, familière, moderne, nautique. En trente minutes de bateau, sans jamais quitter la ville, le voyageur passe de l’Europe à l’Asie. En tourbillonnant sur lui-même, il embrasse l’Empire Byzantin et l’empire Ottoman, il côtoie Alexandre le Grand, Soliman le Magnifique, des Croisés et des touristes descendant de l’Orient-Express.

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« vue sur la ville depuis le Bosphore »

Byzance

C’est en suivant les conseils de l’Oracle de Delphes que la ville de Byzance fut installée dans l’actuelle Corne d’Or. Nous sommes au VIIe siècle av. J.C. et la ville est grecque, fondée à l’initiative du marin Byzas.

La Corne d’Or, le cœur d’Istanbul, le centre historique. Intimidante, colorée, vivante, c’est le quartier incontournable pour les touristes. Idéal pour s’y perdre en journée, probablement pas le meilleur quartier à choisir pour y dormir en toute tranquillité et naviguer vers les différentes autre facettes de la ville.

Si le temps vous le permets, commencez par vous y perdre, pendant une demi-journée, puis, seulement ensuite, plongez dans votre guide touristique et faites des plans.

Constantinople

L’Empereur Constantin, célèbre pour sa conversion au christianisme s’empare de Byzance et la rebaptise. La ville devient Constantinople, nouvelle Rome, capitale de l’Empire Romain qui ne tardera pas à chuter. Peu importe, la ville sera alors la capitale de l’Empire Byzantin.

Toute nouvelle capitale se doit d’accueillir des monuments vastes et glorieux. Constantin construit l’immense basilique Saint-Sophie et la construction d’un métro sous le Bosphore a mis à jour d’autres nombreux trésors.

 C’est l’un des trois sites les plus visités de la Corne d’Or : Sainte-Sophie. Basilique puis mosquée, le bâtiment est grandiose et déroutant. L’entrée y est exorbitante, mais rapidement vous comprendrez qu’il s’agit du tarif local… A l’étage, de nombreuses mosaïques accueillent les visiteurs qui ont perdu de leur badinage exaspérant en montant les escaliers. Des mosaïques si célèbres, si nettes et si grandes qu’il est surprenant de les avoir ainsi devant soi et non dans un quelconque livre.

Istanbul Sainte Sophie
« A l’intérieur de Sainte-Sophie, entre christianisme et islam »

Istanbul

Le nom ne sera officiel qu’en 1923, mais il est utilisé par les Ottomans dès qu’ils mettent fin à l’Empire Byzantin au XVe siècle. Première signe fort du nouveau propriétaire des lieux, le sultan Mehmet II transforme la Basilique Saint-Sophie en mosquée. Il fait également tout pour transformer la ville en capitale internationale, centre politique et économique. Il s’installe dans le tout nouveau palais Topkapi (où tous les sultans résideront jusqu’au XIXe siècle). Il se lance également dans la construction du Grand Bazar.

Le siècle suivant est marqué par Soliman le Magnifique et le développement des arts islamiques, dont la calligraphie et la mosaïque.

Faisant face à Sainte-Sophie et se posant donc comme visite logique pour poursuivre la découverte de la ville, se dresse élancée et élégante, la Mosquée Bleue. Gratuite, ouverte à tous, elle demande un peu de patience. Les « touristes » et les « musulmans » n’empruntent pas la même entrée, mais toutes les femmes sont voilées pareillement. Inutile d’enchaîner directement la visite du Palais de Topkapi. Ce lieu immense peut vous occuper toute la journée entre les cours intérieurs, les collections d’objets précieux, le harem…

Deux stations de tram plus loin se dissimule une petite entrée du Grand Bazar. Entrée logique dans le cadre d’une journée de visite, elle déstabilise, par sa discrétion et le contraste de la petite rue ombragée que l’on quitte pour ce marché intérieur lumineux. Tout se vend au Grand Bazar, mais surtout des souvenirs hors de prix et du bon thé chaud. Levez la tête, admirez l’architecture, osez vous aventurez dans ses petites cours en plein-air. Quand vous serez totalement perdu, il y aura toujours quelqu’un de souriant pour vous indiquer une sortie.

Istanbul Mosquée Bleue
« La Mosquée Bleue depuis la cour de Sainte-Sophie »

L’Empire Ottoman se termine à partir de 1909, lorsque le sultan est mis à la porte par la révolution des Jeunes Turcs. Lorsque la guerre éclate, ils choisissent de suivre l’Allemagne. L’Empire disparaît alors définitivement en 1918, lorsque le pays est morcelé et sous contrôle anglais, français, italien et grec.

La présence des Européens de l’Ouest était déjà forte depuis quelques dizaines d’année, avec entre autre l’Orient-Express qui simplifiait l’accès à la ville. Ils amènent avec eux l’électricité en plus du chemin de fer. Ils s’installent dans l’actuel quartier Beyoğlu et plus précisément dans la rue de Pera.

 Beyoğlu est le quartier que l’on présente comme jeune et dynamique, celui où il faut se rendre pour faire du shopping, manger à Burger-King, faire la fête toute la nuit. La rue de Pera se nomme à présent Istiklal Caddesi et de nombreuses marques internationales s’y sont installés. Sephora côtoie Gap et H&M. Au milieu de toute cette agitation, avance tranquillement, issu d’une autre époque, le tram rouge et blanc que l’on retrouve sur tant de cartes postales.

Il s’y cache également une petite librairie française. Orhan Pamuk, prix Nobel de Littérature, y est bien exposé. Qui mieux, qu’un auteur né à Istanbul, pourra vous conduire à travers la modernité de la vie turque ? Ainsi son roman Neige, primé du Prix Médicis, dénonce la montée de l’intégrisme, le nationalisme, les problèmes économiques…

 En 1923 l’Europe définit les nouvelles frontières de la Turquie, Ankara devient capitale, Istanbul est officiellement Istanbul. Cinquante ans plus tard un pont relie l’Europe et l’Asie, enjambant le Bosphore.

 L’Asie faisant signe de l’autre côté du Bosphore, autant en profiter. Des croisières permettent de lier le besoin de se déplacer à un panorama sur la ville. Mais si l’urgence vous saisit, faites comme les locaux, prenez un ferry en sirotant un bon thé chaud. Kadıköy vous attend et risque de bouleverser vos idées sur l’Asie. L’ensemble apparaît plus moderne, plus jeune et plus dynamique que la Corne d’Or et Karaköy. Ne soyez pas surpris de croiser la route de jeunes turcs à la pointe de la mode et de la technologie occidentale, ou de croiser un groupe d’amis sortir d’une librairie de comics américains après une partie de jeu de rôle.

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« loukoums vendus au Marché aux Épices »

Et surtout ne partez pas sans : tester le kebab de poisson avec vue sur le Bosphore, apprendre à cuisiner les produits locaux, savourer quelques Turkish Delight (loukoums), tenter de dresser les nombreux chats de rue, admirer la Galata Tower, traverser le Pont Galata à pied et féliciter un pêcheur de sa prise, boire un café turc…

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