Pourriez-vous tout quitter, du jour au lendemain, votre boulot, votre vie, une fois vos études terminées et vous envoler pour l’Argentine, au hasard?
C’est ce que fait Simon, un jeune homme sans histoire, qui quitte Paris pour Buenos Aires, sur les traces de l’unique photo qu’il possède de son père, cet homme dont il ne sait rien, ou presque, si ce n’est qu’il a vécu en Argentine. Là-bas, dans la moiteur de Buenos Aires, il fera la connaissance d’une famille étonnante, les Menger, qui gèrent un hôtel luxueux mais discret, une famille aux nombreux secrets, à la fortune envoûtante.
Ode au voyage, secrets de famille, un programme envoûtant servi par une écriture fluide, sans prétention, presque poétique. En quelques pages, le dépaysement est garanti. Vous quittez la grisaille de Paris pour un Buenos Aires chaud, coloré, vivant. L’on s’y croirait. De touriste lambda qui erre dans les rues muni d’un plan et d’un guide touristique, Simon évolue au contact des Argentins. Il constate la violence dans les rues, la pauvreté dans les quartiers défavorisés, la drogue, mais également des gens ouverts, amicaux. L’hôtel L’implicite est un havre de paix, une oasis de calme qui tranche avec la brutalité et le bruit de la rue.
Simon, donc, est un personnage qui connaît une vraie révolution. Du personnage ordonné, un peu craintif du début, il devient plus violent, plus vivant. Il s’esquisse en quelques coups de crayon, au fur et à mesure de la lecture. Les Menger, eux, sont peut-être mieux dessinés. Trio puissant, mais dévasté, ils forment une famille mystérieuse, mais qui se dévoile au fil du récit.
Roman court, mais puissant, Hôtel Argentina fait surgir des pages et de l’encre un pays entier. C’est ce qui fait la force de ce roman, qui se présente comme un roman d’apprentissage, véritable récit initiatique : peut-on tout laisser tomber pour recommencer ailleurs ? A-t-on besoin de partir pour grandir? Pour Simon, Buenos Aires est à la fois un lien avec son père et le bout du monde, un lieu inconnu à découvrir. On aime, pour ces paragraphes cours mais précis, pour ce style sans fioriture, sans un mot inutile, pour des descriptions presque poétiques de Buenos Aires, pour des panoramas quasi encyclopédiques de Paris. Ce deuxième roman préjuge d’un talent certain, d’un auteur jeune et prometteur. Je remercie Babelio et les éditions Flammarion de m’avoir fait ainsi voyager à Buenos Aires.
On peut aussi préciser que l’auteur a l’air charmant, ce qui ne gâche rien 🙂