Le traitement de l’adolescence en littérature a toujours une portée universelle : c’est particulièrement le cas avec l’attrape-coeur de Salinger, ou pour Station Victoria, d’Anne Cuneo.
Station Victoria, c’est l’histoire d’Amalia, une jeune italienne de quatorze ans fraîchement débarquée à Londres. Née en 1940, Amalia a connu l’horreur de la guerre, les bombardements, le rationnement. Fuyant l’orphelinat où sa mère, irresponsable et égoïste l’a abandonnée, Amalia décide de partir pour l’Angleterre pour apprendre la danse et épouser Gene Kelly. Sa rencontre avec une vieille demoiselle anglaise va changer sa vie et lui apprendre ce que c’est que d’être aimée…Récit d’une adolescence pas comme les autres sur une bande-son d’époque…
A vingt ans, Amalia revient sur les six dernières années de sa vie et fait le bilan, écrivant un roman pour Miss Brown, sa grand-mère d’adoption. Et que de chemin parcouru pour la petite italienne malingre et timide qui, arrivée à Londres, ne savait dire que quatre phrases en anglais ! Amalia et Miss Brown se sauvent mutuellement : Amalia découvre l’amour maternel et s’épanouit sous l’égide de la demoiselle, et Miss Brown réapprend à vivre. C’est une rencontre improbable, mais touchante. Amalia n’a pas véritablement de mère : celle-ci, indigne et égoïste, s’est détournée de ses deux enfants après son veuvage, ne les entretient pas, et attend d’eux qu’ils travaillent pour financer son addiction (laquelle, à vous de le découvrir !). Comment se construire lorsqu’on souffre de l’absence d’une mère? Amalia saura-t-elle tenir tête à sa mère?
Amalia fait toutes les découvertes propres à l’adolescence, des sorties à la sexualité. Elle apprend aussi malheureusement le racisme de l’Angleterre d’après-guerre, le sentiment d’exclusion, de ne pas se sentir à sa place, la peur de l’expulsion. Son adolescence, faite de rencontres, sera marquée par la musique, celle qu’elle découvre dans les bars. Le jazz, Elvis, le rock servent de bande-son au roman. A l’histoire d’Amalia se mêle celle de Miss Brown, une demoiselle pas ordinaire, et peu conventionnelle, suffragette et aventureuse, histoire qui mériterait un roman à elle toute seule.
L’on aime, pour la fraîcheur des personnages, et surtout parce que cela sonne vrai, que cela parait authentique. Comme Amalia, on aime « Miss Bee » comme une grand-mère, on s’indigne des méfaits de sa mère, et on pleure parfois, surtout sur la fin. L’on dirait une histoire vraie. Si vous désirez vous plonger dans ce qui est désigné sur la quatrième de couverture comme « l’enfance de la génération beatles », lancez-vous (bien que l’on ne parle finalement pas des Beatles, le roman s’arrêtant environ en 1960).
Tu me donnes vraiment envie de le lire ! Je trouves beau ces cheminements, ces amitiés, ces rencontres qui surviennent quand on en a besoin, qui réapprennent à vivre.
et voilà j’en ai noté un deuxième !