J’ouvre ce dossier sur l’Inde avec le premier roman d’Aravind Adiga, un auteur indien qui s’est vu attribuer le Man Booker Prize en 2008 : le Tigre Blanc est une success story sans scrupules, l’histoire d’un jeune homme qui décide de choisir son destin, peu importe le prix qui lui en coûtera.
Le tigre blanc, c’est Balram, dit Munna, un garçon brillant que l’on a ôté de l’école très jeune et que l’on a mis au travail. Balram vit dans une région très pauvre de l’Inde : il rêve de gagner la ville et de réussir. L’audace et la chance le mettront sur la route de Mr Ashok, un riche indien occidentalisé, dont il sera le chauffeur. De derrière son volant, Balaram écoute et retient. Pour réussir, il est prêt à tout, même au meutre.
C’est ce que Balram nous dévoile, par le biais de lettres écrites au premier ministre chinois : il nous montre une Inde méconnue, aux dieux multiples, aux innombrables mendiants, où règne la loi du chantage et de la corruption. Balram est un laissé pour compte du miracle indien. Il n’a pas reçu de véritable éducation. Né dans une famille nombreuse menée d’une main de fer par une aïeule rusée et cupide, il ne rêve qu’une chose : s’extirper de la masse, quitter la misère. Par sa bouche, nous découvrons une Inde double : l’Inde moderne qui aurait éradiqué les inégalités sociales n’est pour beaucoup qu’un miracle. Dans les villes s’installent des entreprises américaines, et l’Inde prospère. Mais Balram nous montre également l’Inde « des ténèbres » selon ses propres mots : une Inde encore régie par les castes, divisée entre maîtres et serviteurs, où les puissants ont tout pouvoir sur les pauvres. Une Inde millénaire, qui, dans les campagnes, n’a pas vraiment changé : les mariages se monnaient, les enfants travaillent, un homme doit servir son maître, mais également sa famille.
Balram est un révolté, il souhaite renverser l’ordre établi, « sortir de la cage aux poules », d’un système qui l’enferme dans un rôle soumis de perdant éternel. Pour cela, il est prêt à utiliser les mêmes armes que les riches, la corruption et la manipulation. Aucun scrupule ne le hante. Balram le dit dès le début du roman : il a tué un homme. Qu’est-ce-qui l’a amené à une telle extrémité?
Cette description très vivace et sordide d’une Inde en mouvement, et pourtant parfois très statique, donne à ce roman tout son sel. Balram n’est pas vraiment attachant : cependant, il n’est pas bête, et il est bon conteur. Le style épistolaire vous donnera l’impression d’écouter Balram, comme s’il était en face de vous, en train de vous confier son histoire. Une bonne introduction à la littérature indienne.
Moi aussi j’ai eu l’impression d’être juste à côté de Balram quand il contait son histoire. Je vois que tu as passé un bon moment :).
Oui, merci de m’en avoir parlé ! J’ai hâte de lire son nouveau roman !
J’avais déjà entendu parler de ce livre. Ton article me donne bien envie de le lire!