Kafka sur le rivage, Haruki Murakami

Bien avant 1Q84, Huraki Murakami avait écrit Kafka sur le rivage, qui est considéré par beaucoup comme le plus abouti de ses romans. Un titre énigmatique, une référence assumée à Œdipe dès le résumé, le nom de Murakami sur la couverture, il n’en fallait pas plus pour attirer l’œil du lecteur.

Kafka Tamura attend impatiemment ses quinze ans pour pouvoir enfin quitter l’atmosphère oppressante de la maison familiale. Le jour dit, il fugue, laissant derrière lui son père, qui autrefois, avait proféré à son égard une terrifiante prédiction « tu tueras ton père et coucheras avec ta mère et ta soeur ». Kafka, du haut de ses quinze ans, part donc à l’aventure, dans un étonnant voyage picaresque, où la frontière entre réalité et les limbes est souvent bien mince.

Kafka est bien mûr pour ses quinze ans, et pourtant, il connait tous les émois de l’adolescence. Sa fugue peut bien sûr être perçue comme une manifestation de ce fameux âge ingrat, pourtant, elle parait bien trop raisonnée pour se limiter à un caprice d’adolescent. Kafka est un adolescent en fuite, il fuit ce qu’il est, son père, et son passé. Peut-être marche-t-il sur les traces de cette mère qui l’a abandonné, partant subitement, en emmenant sa sœur aînée. Kafka va de l’avant, et se laisse guider par le destin. Attachant, c’est un esprit sain dans un corps sain, qui aime le sport autant que la lecture. Droit et intègre, il semble pourtant capable de violence. De plus, son prénom, qu’il a choisi lui-même, n’est pas sans évoquer l’intérêt du lecteur. Quel lien entre un adolescent japonais et Franz Kafka? En somme, Kafka  est un de ces personnages de littérature qui font les grands romans.

A son destin est  inextricablement lié celui de Nakata, vieil homme amnésique et analphabète, qui vit enfermé dans une routine bien établie, et a de grandes discussions avec les félins de son quartier. Nakata, petit papi optimiste et attachant, vit des aventures pour le moins étonnantes, et délicieusement absurdes. Il ne sait jamais où il va, mais il y va résolument. Des circonstances étranges le jettent sur les routes, sur les traces de Kafka.

L’écriture de Murakami, fluide, vive, ne s’attardant que sur les détails qui en valent la peine, est pour beaucoup dans l’attrait qu’exerce ce roman. Elle parvient à créer des ambiances de toute pièce avec force et réalisme : la bibliothèque Komura ou la cabane dans la forêt, deux lieux très importants du roman, émergent du récit avec une vivacité indéniable. Les personnages sont eux-aussi très réussis, de Kafka l’adolescent fugueur à Nakata le vieillard en goguette, en passant par l’énigmatique Mlle Saeki ou le gentil Oshima.

Kafka sur le rivage est un de ces romans à l’atmosphère très marquée, que l’on dévore, et que l’on quitte à regret. Le roman se clôt en laissant plusieurs mystères intacts, mais ce n’est pas frustrant, cela fait partie de la poésie du roman.

Kafka sur le rivage, Haruki Murakami. Belfond, 2005

8 Commentaires

  1. J’ai également beaucoup apprécié ce roman, captivant tout en étant original, voire même un peu spécial. Très agréable à lire en tout cas et effectivement, le fait que certains mystères ne soient pas résolus ne dérange aucunement.

  2. Bonjour à tous,
    Je suis élève en rhéto au Collège de Hannut et je dois réaliser un travail littéraire sur ce livre. Je dois y joindre une interview. Est-ce que quelqu’un serait intérêssé par m’aider pour ce travail? J’ai une problématique de départ qui est la suivante :  »La réhabilitation des mythes anciens est-elle une réalisation de nos fantasmes? ». Merci d’avance!

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