L’attente, Catherine Charrier

Les éditions Kero sont toutes jeunes, mais nous propose déjà des textes de qualité, si on se fie à L’Attente, de Catherine Charrier, en librairie depuis le 14 mai. C’est un premier roman d’une grande justesse, servi par une écriture maîtrisée.

L’attente, c’est celle de Marie, une femme amoureuse. Elle a commencé le jour où son amant lui a promis de quitter son épouse et sa famille dans un an. Marie se prend donc à rêver à un avenir avec cet homme plus vieux qu’elle, avec qui elle trompe son mari Paul…Mais peut-on mener une double vie impunément ?

C’est un très beau texte que nous offre Catherine Charrier : 251 pages de passion contenue, du sentiment le plus haut aux détails les plus sordides. Marie est une femme amoureuse : pour Roch, elle risque son couple, sa famille, son bonheur. Elle ne peut s’en empêcher, elle se sent irrésistiblement attirée par cet homme séduisant et joueur. Mais dès qu’ils se quittent, l’attente commence : quiconque a déjà été amoureux connaît ce sentiment de vide et de solitude que l’on ressent lorsque l’être aimé est loin, et cette sensation de plénitude lorsque l’objet de notre amour est avec nous. Ces sentiments connus nous rendent le récit très vrai, très juste. Le ton de l’auteur, plein de pudeur, sait traiter la passion sans entrer dans le vulgaire, et les drames en évitant le pathos.

La relation de Marie et de Roch, si solaire et sensuelle quand ils sont ensembles, est en réalité un amour de l’ombre : il faut se cacher, mentir, tromper. Les années passent. Les chambres d’hôtel défilent. L’attente se chiffre en jours, puis en années. Marie se sent s’éloigner de Paul, son mari. Mais Roch, lâche, ne semble pas vouloir agir.Il déçoit Marie en même temps que le lecteur.

C’est un premier roman pour Catherine Charrier : pourtant, on sent déjà la maîtrise d’un auteur qui sait jouer avec les mots. Le style est fluide, les pages se tournent toutes seules. On ne peut que comprendre l’attente de Marie, même si on désapprouve son adultère. Attachante, la jeune femme pourrait être n’importe quelle femme qui s’est égarée dans une passion destructrice, passion explorée dans ses joies et ses dégâts. Le temps est également un des grands thèmes de ce roman : le temps, distendu, qui semble s’étirer quand on est seul, et le temps, hâtif, qui court quand on est avec l’être aimé. Et cette question qui résonne en bruit de fond : comment la passion évolue-t-elle avec le temps qui passe ?

Il serait dommage de passer à côté de ce premier roman tout en finesse. Il se lit avec beaucoup de plaisir, et témoigne du talent certain d’un auteur naissant.

L’Attente, Catherine Charrier. Éditions Kero, 2012.

9 Commentaires

  1. Je n’ai pas vraiment aimé ce livre. J’ai trouvé trop d’imperfections, qui accumulées, m’ont posé problème dans ma lecture. Dommage, ça aurait pu être un vrai bon roman de mon point de vue !

  2. Pour ma part, j’ai été déçu par ma lecture. Plein de petits défauts qui, cumulés, ont fait que j’ai peu à peu décroché.. Dommage !

  3. Livre débuté hier soir et terminé à 3 h du matin !
    « ça ne peut sentir que le vécu »…
    Ce qui m’intéresserait, c’est d’avoir maintenant la version de cette histoire, côté homme : est-ce que lui aussi est dans l’attente ? probablement pas de la même façon. Est-ce qu’il culpabilise ? Certainement pas.
    Si Rock pouvait aussi nous raconter…
    Corinne

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.