Difficile, à la vue du livre Les Débutantes, paru en mai dernier chez les éditions Rue fromentin, de ne pas craquer pour ce roman d’initiation et d’amitié féminine qui, épais, nous promet de longues heures de lecture. Pour une meilleure immersion dans l’univers de l’université américaine, je ne peux que vous conseiller, en parallèle de la lecture des Débutantes, celle de L’Art du jeu, de Chad Harbach, qu’on pourrait considérer comme le pendant masculin du récit de J. Courtney Sullivan.
Elles sont quatre, et très différentes les uns des autres : Célia a été élevée dans la foi catholique et vient d’une famille assez aisée. Elle rêve d’écrire. Bree vient du sud et est déjà fiancée. Sally, jeune fille bien sous tous rapports, vient de perdre sa mère. Quant à April, c’est une féministe radicale qui n’a peur de rien. Pourtant, elles vont devenir amies, car elles occupent des chambres voisines à l’université féminine de Smith.
Plusieurs années après avoir quitté l’université, les quatre amies se retrouvent pour le mariage de l’une d’entre elles. L’amitié aura-t-elle survécu aux années d’éloignement, et aux trajectoires différentes que la vie leur a fait prendre ?
Roman très frais, au style vif et plein d’humour, Les Débutantes est un de ces livres qui deviennent en quelques pages un véritable coup de cœur. L’immersion dans la vie à l’américaine est total : le lecteur français, médusé, découvre l’univers des universités, et plus particulièrement celui des Seven sisters, ces universités exclusivement féminines. Smith est l’une des plus célèbres : elle a inspiré Sylvia Plath ou encore Joyce Carol Oates, et a accueilli de nombreuses féministes américaines. L’ambiance qui y règne, féministe et insouciante, où la tolérance et le rejet des hommes sont les maîtres mots, est toute particulière, et parfaitement retranscrite dans Les Débutantes. Monde à part, Smith s’apparente à un cocon où, loin du regard des hommes, les filles peuvent se laisser aller, et faire leurs expériences. Loin des parents et des pressions de la société, les jeunes filles peuvent être elles-mêmes et bâtir leurs plans d’avenir, car tout semble alors possible.
Nos quatre amies gardent un souvenir ému de leurs quatre années à Smith. Alors qu’elles s’apprêtent à se retrouver pour le mariage de Sally, elles ne peuvent s’empêcher de revenir sur leurs années d’université, là où leur amitié s’est nouée.
Mais plusieurs années après, les quatre filles sont suivi des chemins très différents et se sont dispersées aux quatre coins des États-Unis. Drôle et touchant, Les Débutantes évoque les différents évènements marquants de la vie d’une femme (mariage, grossesse, deuil, rupture…) et les différents aspects de sa vie (famille, travail, vie amoureuse), tout en apportant une réflexion sur la place de la femme aux États-Unis, grâce aux aspirations des quatre héroïnes, mais également aux attentes de leur entourage, qui n’accepte pas toujours leurs choix. On songe aussi à l’amitié, et aux difficultés qu’elle rencontre parfois pour perdurer, quand vient la séparation et le passage à l’âge adulte.
Véritable ode à l’amitié, et roman d’apprentissage, Les Débutantes se lit avec beaucoup de plaisir et démontre une nouvelle fois la justesse des choix éditoriaux de Rue fromentin.
Les Débutantes, J. Courtney Sullivan. Éditions Rue Fromentin, 2012.
Noté mais pas encore acheté. ça ne devrait pas tarder !!!
Oh c’est très tentant, je prends note. Merci pour cette belle chronique.
Il a l’air vraiment très sympa 🙂 Une sorte de « Quatre Filles et Un Jean » pour les plus grands… non ? Il me tarde de le lire !
C’est un peu ça 🙂
Une lecture imminente pour moi tant les billets élogieux attirent ma curiosité.
Ce livre me tente beaucoup. Merci pour la découverte !
Cela rappelle en effet Quatre filles et un jean !
J’ai fait un saut en librairie vendredi et ce livre m’a fait de l’œil… J’avais déjà lu ton excellente chronique et l’avais soigneusement noté, il a donc fini avec moi à la caisse. J’ai hâte de le commencer !