Les Maléfices du temps, Michel Rozemberg

En 2007, Michel Rozemberg obtient le prix Masterton  pour sa nouvelle « Les Maléfices du temps ». Prix amplement mérité au vu de la maîtrise dont il fait preuve dans le recueil Les Maléfices du temps, proposé par les éditions Lokomodo.

Cinq nouvelles forment ce recueil : on y croise une femme un peu trop curieuse pour son bien qui découvre un livre interdit, une autre chez qui le deuil prend de drôles de formes, ou encore un vieil homme à la fin tragique, qui découvre d’étranges lettres dans sa boîte aux lettres. Peu importe la forme que prend l’étrange dans ce recueil, chacune des cinq nouvelles qui le composent témoigne d’une grande maîtrise des mots et des ressorts fantastiques.

On peut préférer le roman aux nouvelles, et apprécier pour autant ce court recueil qui utilise la forme courte pour rendre ses histoires plus effrayantes et plus marquantes. La nouvelle permet à l’auteur une installation bien rapide et des effets plus frappants, sans parler d’une chute généralement plus surprenante. Le livre s’ouvre sur la nouvelle primée, « Les Maléfices du temps », une des meilleures du recueil. Bien que les autres nouvelles soient véritablement de qualité égale, celle-ci se détache, peut-être parce que c’est la toute première, et qu’elle nous présente l’univers de l’auteur. On ne peut que s’extasier devant la manière qu’a l’auteur de reconstituer une atmosphère, qu’elle soit pesante et bruyante comme celle du début de la nouvelle, ou véritablement effrayante comme la rencontre entre l’héroïne, Dominique, et ce fameux livre dont nous parle le résumé.

Chacune des nouvelles explore donc nos peurs, comme celle de vieillir ou de la mort, qu’il s’agisse de la nôtre ou de celle des autres : les personnages se retrouvent  coincés chacun à leur manière dans une spirale infernale, dont ils ont souvent conscience, mais dont ils ne peuvent s’échapper. Dans toutes, le temps joue avec les hommes. Difficile de ne pas laisser échapper un frisson devant certaines descriptions ou certaines situations. Il faut de toute évidence éviter de lire ce recueil de nuit. La deuxième nouvelle, « Le Temps d’aimer », est probablement la plus effrayante, car on s’attend presque à voir l’un des personnages du récit apparaître dans l’encadrement de la pièce où l’on lit.

Ce recueil m’a permis de retrouver une ambiance que je n’avais pas retrouvée depuis longtemps, celle des textes effrayants que j’ai adoré dans mon adolescente. On pourrait peut-être rapprocher ces sensations de celles que l’on éprouve à une première lecture  de Stephen King, de Richard Matheson ou d’Edgar Allan Poe. Il est très probable que Michel Rozemberg rejoigne un jour le panthéon des grands auteurs de fantastique, s’il continue à se jouer aussi bien de nos peurs et à jongler ainsi avec les mots.

Les Maléfice du temps, Michel Rozemberg. Editions Lokomodo, 2012

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