A mi-chemin entre le roman et la biographie, Orchidée fixe revient sur l’interlude marocain de la vie de Marcel Duchamp, célèbre pour ses œuvres d’art insolites et parfois hermétiques, car difficiles d’interprétation. Orchidée fixe a été récemment annoncé dans la liste des Goncourables. Raison de plus pour se plonger dans cette belle histoire, même si l’œuvre de Marcel Duchamp vous est inconnue.
Orchidée fixe est le récit de la rencontre d’une famille de Tel-Aviv d’origine française et d’un Américain féru d’art. Autrefois, en 1942, le patriarche de la famille a côtoyé l’artiste Marcel Duchamp, lorsque celui-ci a quitté la France occupée pour les États-Unis, en passant par le Maroc, car les liaisons vers l’Amérique étaient alors coupées en France. S’entrelacent alors le récit du grand-père d’un passé désormais lointain mais pourtant tellement proche et un présent où la passion de l’art réunit la narratrice et le professeur américain venu interroger son grand-père.
Il n’est pas aisé d’écrire sur ce très beau texte où le lecteur est davantage touché par des impressions et des scènes que par l’histoire à proprement dite. La force d’évocation du récit rend chaque mot beaucoup plus réel, et des paysages entiers surgissent dans l’esprit du lecteur, qui a l’impression de voir la côte marocaine telle que la voit Duchamp en arrivant à Casablanca ou encore les parties de cartes endiablées de l’arrière-grand-père Zafrani. Ces souvenirs sont certes romancés, mais ils ont pourtant un poids tangible, et une réalité très visuelle. L’on est alors immergé dans le Casablanca des années 40, avec tous les enjeux que cela entraîne : la guerre semble pourtant bien lointaine, vue du Maroc, mais ne peut être oubliée.
Servie par une écriture toute en subtilité et en puissance, l’histoire de Marcel Duchamp et son amitié avec René Zafrani n’est pas très romanesque et on ne croule pas sous les scènes d’action. Cet intermède marocain imaginé est surtout une rencontre, une amitié. Orchidée fixe se lit pour la beauté du texte, et non pour le romanesque. L’estime que porte l’auteur à Marcel Duchamp est touchante et donne envie au lecteur de découvrir l’œuvre d’un homme qu’il a cru apprendre à connaître au fil du récit.
Récit solaire, Orchidée fixe est probablement la lecture idéale en ce début de mois de septembre, afin de se transporter en pensée à Tel-Aviv, aux États-Unis et au Maroc. En somme, les vacances ne sont pas tout à fait terminées !
Orchidée fixe, Serge Bramly. JC Lattès, 2012.
Cela semble être en effet un très beau texte, ta chronique donne envie… pour changer.
J’aime bien l’idée de ce livre, je note le titre!
Je viens de finir le livre, il est vraiment très bien. J’ai été suprise car au debut il ne me tentais aps du tout