Après les vampires, les loup-garous, les anges, la mode sera-t-elle aux zombies ? Pourtant, les zombies, ces êtres grisâtres et cannibales, n’ont rien de sexy, même quand il s’agit de Michael Jackson dans Thriller. Mais à la lecture de Vivants, d’Isaac Marion, on y croit, finalement.
Le monde a été décimé par une étrange épidémie : désormais, les morts se relèvent, et deviennent des zombies, avides de chair humaine. L’humanité se retranche dans des stades, devenus de véritables ville fortifiées. R est un zombie : il n’a ni nom, ni souvenir. Il pense, mais a du mal à parler. Pour se nourrir, il tue, déchire, dévore. Il ne se pose pas de questions, il n’a pas le choix. Mais un jour, tout change. Il rencontre Julie. Julie est vivante : à ses yeux, elle est un être humain, une bouffée d’oxygène et il faut la préserver, quand bien même il vient de dévorer son petit ami. Une relation inédite se noue entre les deux êtres : de l’amitié, puis de l’amour. R bafoue les règles des Morts, et aimerait se sentir de nouveau vivant…
Vivants est un joli petit roman à la fois très tendre et très dur : ce récit change beaucoup de ce qu’on peut lire, et ça fait du bien. La vie de R n’est pas rose : le jeune homme voit tout en nuances de gris : il ne ressent rien, n’aime rien, ne désire rien. Il ne sait plus qui il était autrefois, il sait juste qu’il abhorre ce qu’il doit faire pour survivre. Il observe son monde d’un regard blasé, se demandant parfois comment on en est arrivé là. Le lecteur découvre un monde où les morts se divisent en « charnus », les zombies qui ne se sont pas encore vraiment décomposés, et les « osseux », ceux qu’on n’ont plus de peau et dictent les ordres. On plonge dans le quotidien d’êtres obligés de décimer l’humanité pour se nourrir : certaines scènes sont très cruelles, à la limite de l’insoutenable. Et pourtant, la magie prend.
La rencontre de R avec Julie va changer sa vie : un jour, avec ses camarades, R attaque un groupe de jeunes. R dévore alors un jeune homme nommé Perry : les souvenirs de sa victime envahissent son esprit, les voilà alors liés. Et Perry ne pense qu’à une personne, Julie. Cette fille que R a appris à connaître à travers la mémoire de Perry va devenir le plan d’ancrage de R. Leur relation, touchante, se construit contre la logique. Au contact de la jeune fille, R va devenir plus humain.
La vision du monde est apocalyptique : pourtant, l’espoir reste possible. On est séduit par le personnage de R, ce zombie au grand cœur, qui tombe peu à peu amoureux d’une fille lumineuse et solaire comme Julie. Leur histoire est certes improbable, mais elle se découvre avec beaucoup de plaisir. Difficile de ne pas apprécier cette jolie petite histoire. Un film est prévu, dont voici la bande-annonce.
Vivants, Isaac Marion. Bragelonne, 2011.
Les histoires de zombies ne m’attirent pas plus que ça, mais au vu de ta chronique, peut-être que je ferai un essai avec celui-là. Il a l’air franchement pas mal!
Comme Sia, les zombies ne sont pas trop ma tasse de thé mais ce livre semble intéressant et original, je note !