Real Humans, la série sensation

A moins que vous ne viviez dans une cave, ou perdus dans un igloo en Alaska, vous n’avez pas pu échapper aux teasers diffusés assez régulièrement sur la chaîne Arte et ses partenaires commerciaux. Ces dernières semaines, Real Humans a envahi notre panorama urbain, annonçant l’arrivée dans nos « boîtes à image » d’une série révolutionnaire – d’autant plus que la qualité des productions nordiques est incontestable. Imaginez un monde, dans un futur pas si éloigné que ça, où les humains sont dotés d’un « compagnon robotique »: les hubots. Ou du moins, pour ceux qui sont déjà passés de l’autre côté.

Dans ce monde, les hubots, employés modèles et serviteurs hors pairs, incroyablement beaux, aident les Hommes à courir, régulent leur rythme et contrôlent leur état de santé, font leurs courses, conduisent à leur place lorsqu’ils n’en ont pas l’envie, leur apportent le petit déjeuner au lit… ou servent de sex toys. Programmés de A à Z, des caractéristiques physiques au prénom, des services qu’ils peuvent rendre aux petites discussions qu’ils entretiennent aisément et avec fluidité avec les humains qu’ils accompagnent, peu de choses semblent les séparer de notre espèce – ce que le déroulement de l’intrigue nous confirme. Sous leur carcasse parfaite grouillent des processus semblables à des veines, qui, regorgeant de données en tous genres, entretiennent ce système complexe conçu pour assouvir les moindres caprices des Hommes. Dévoués, serviables, presque aimants, ils anticipent les désirs humains et remplissent même des tâches pour lesquelles ils n’étaient pas programmés. Flippant, avez-vous dit ? Voici la bande-annonce.

Ces hubots ne sont pas sans rappeler ces multiples machines qui envahissent notre quotidien, compagnons bruyants de routine, qui contrôlent nos moindres faits et gestes : la technologie de ce début de XXI° siècle est cette « merveille technologique » omnisciente et omniprésente qui nous observe, nous épie, nous grave sur disque dur. Entre petits gadgets qui bippent quand on ne s’en sert pas selon la « norme » et gros joujous à plusieurs milliers d’euros, nos machines actuelles paraissent être les ancêtres de ces hubots, qui, libérant les humains du poids de certaines tâches quotidiennes, ont ce vice de les avilir davantage, de dénaturer leur vision du monde, d’altérer leurs émotions, de les isoler les uns des autres, et, enfin, pour clore cette dramatique sentence, de les enfermer dans l’ignorance de l’univers qui les entoure… Qui d’entre-eux sait toujours cuisiner ou jardiner ? A quoi bon, finalement ?

Seulement voilà, la présence quasi totale de cette nouvelle « espèce » de machines, à l’apparence totalement humaine, trouble les esprits et confond réalité et virtuel : où commence l’un, ou s’arrête l’autre ? S’agit-il d’une réalité virtualisée, ou d’un virtuel « réalité » ? Le jeu des acteurs est parfois troublant, laissant entrevoir un mélange total entre humains et hubots. Il est parfois difficile d’identifier certains personnages et de les ranger dans la catégorie des « produits de Mère Nature », ou des « produits technologiques ». L’attitude des humains envers ces hubots dénote une proximité et une empathie surprenantes. Effectivement, à l’annonce de la réinitialisation de son hubot, le père d’un des protagonistes de cette série, penché sur le « corps » inerte de son serviteur robotique – multiusage, pour vous servir –, dévoile ses sentiments. Troublante et éloquente à la fois, cette scène nous révèle un attachement presque « humain » entre êtres dotés de vie et ceux dotés de batterie. Ces nouveaux compagnons d’intérieur deviennent progressivement les nouveaux membres de leurs familles. Conscients qu’ils ne sont faits que de processeurs, mais trompés par le naturel avec lequel les hubots s’adressent à eux, les êtres humains ne savent plus sur quel pied danser. Et le spectateur non plus.

Mais ces hubots n’ont pas encore envahi tous les quotidiens. Certaines familles, « conservatrices », résistantes, nostalgiques du ronchonnement qui accompagne toutes les tâches quotidiennes, ces petits tracas du quotidien mais aux saveurs d’un autre temps, semblent réticentes à faire fi de cette ultime valeur humaine contre la robotique. Mais… « tout le monde en a un », entend-on susurrer une fillette. « Pour le prix d’un, le magasin vous en offre un deuxième » surenchérie le haut-parleur dans un éclat de voix. Belle offre pour deux jolis pactoles. Du tracas en moins. Contre des valeurs ringardes, on troque un peu de nouveauté et de modernité. Où est le crime, là-dedans ?

Cette série nous propose un saut dans un futur hypothétique, qui prend racine dans les inventions technologiques de notre décennie. Et si nous avions créé les germes de cette nouvelle invention « révolutionnaire » ? Par transposition dans notre réalité, le spectateur se rend compte que 2013 ne promet pas encore de telles avancées technologiques, mais que ce futur n’est pas si irréel qu’on pourrait le penser. L’intrigue se dévoile petit à petit, avec subtilité et intelligence. Et si ces hubots portaient les vices des Hommes, embarqués dans des trafics en tous genres, entre petits larcins et grosses bêtises  ? Et s’ils « ressentaient » des émotions humaines ?

De quoi agrémenter ce tableau futuriste déjà fort intéressant d’une dose de suspense et de réflexion, et qui promet, dès les premiers épisodes, de belles surprises. Je serai donc devant Arte tous les jeudis à 20h50. Vous aussi ?

 Il convenait de terminer cet article avec une touche de glamour :

Par Maxime

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