Jeffrey Archer a quitté la Chambre des Communes pour devenir romancier en 1974. Depuis, on lui doit de nombreux best-sellers, comme le flamboyant Kane et Abel, œuvre magistrale qui court sur près d’un siècle. L’année dernière, Les Escales sortaient le premier tome d’une nouvelle saga historique et familiale, avec Seul l’avenir le dira. Nous découvrions les familles Clifton et Barrington, dockers et nobles, de plus en plus étroitement liés au fil de l’histoire.
En 1919, la jeune Maisie, qui s’apprête à épouser Arthur Clifton, a une brève aventure avec Hugo Barrington, héritier d’un véritable empire sur les docks de Bristol. En 1920 naît Harry Clifton. Son père est-il l’époux de Maisie, Arthur, ou Hugo Barrington ? Ce doute suivra Harry toute sa vie : s’élevant bien au-delà de sa condition, devenu boursier et ami avec Giles Barrington, le fils légitime d’Hugo, Harry devra un jour déterminer qui de Clifton ou de Barrington, est son père. Dans le premier tome, Harry, tombé amoureux d’Emma, la fille d’Hugo Barrington, n’a pu l’épouser, horrifié que sa promise puisse être sa demi-sœur. Un enchaînement d’évènements l’a conduit à New York en 1939, supposé mort, où Harry aimerait permettre à Emma de l’oublier. Mais, alors qu’il usurpe l’identité de Tom Bradshaw, un de ses amis décédés, il est arrêté pour homicide, puis pour désertion. Le voilà à purger une peine dans une prison américaine. Mais, alors que la guerre fait rage en Europe, Emma ne peut croire à la mort d’Harry. Elle s’embarque pour New York, bien décidée à mener l’enquête.
Une nouvelle fois, Jeffrey Archer construit minutieusement un roman au souffle épique, qui entraîne le lecteur des prisons américaines à l’Angleterre sous le Blitz, en passant le New York vibrant des années 40. Jeffrey Archer démontre une nouvelle fois tout son talent de conteur, en décrivant avec réalisme et vivacité chacun des endroits où il entraîne ses protagonistes. Une nouvelle fois, la quête de vérité anime les personnages de Jeffrey Archer, à qui l’on peut juste reprocher un certain manichéisme : on trouve les gentils, comme Maisie, la mère d’Harry, une self-made woman dont la réussite fait écho à l’évolution du statut de la femme en Angleterre à cette époque, Giles, le jeune noble pour qui la valeur n’a rien à voir avec les armoiries ou encore notre héros, Harry, bon, et honnête. Mais l’on trouve également de vrais méchants, comme Hugo Barrington, corrompu jusqu’à la moelle ou l’oncle Stan, véritable archétype du mâle rustre, mauvais et vulgaire. Malgré ce schéma un peu classique, le lecteur est emporté de bout en bout par le récit, comme avec le premier tome, qui dépeignait l’incroyable ascension sociale d’Harry et son passage à l’âge adulte.
La jeune génération ploie sous les fautes de leurs aînés : la question de l’ascendance d’Harry, véritable fil rouge de l’histoire, continue à se poser, et le destin du jeune homme reste en suspens. Des prisons américaines à son sol natal, parviendra-t-il à trouver calme et bonheur ? Le roman se clôt sur un suspense insoutenable. Vivement le troisième tome, pour que le destin de Harry et d’Emma soit enfin scellé ! Pas de doute, Jeffrey Archer est décidément le roi des conteurs.
Les Fautes de nos pères, Jeffrey Archer. Les Escales, 7 mai 2013.
Par Emily
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