Gatsby le magnifique…On serait tenté de ne plus présenter le livre, écrit en 1925 par Francis Scott Fitzgerald, écrivain torturé, marié à la tragique belle du sud Zelda, tous deux porte-parole de la génération perdue, un livre qui déroute parfois le lecteur moderne. Mais là, il est question du film, très attendu : ouvrant le festival de Cannes 2013, son casting est prestigieux : dirigé par Baz Luhrmann, à qui l’on doit notamment Moulin Rouge, Gatsby le magnifique version 2013, compte notamment parmi ses acteurs Carey Mulligan, vue notamment dans Une éducation ou Drive et Tobey McGuire, ancien Spiderman. Mais la grande star du film, c’est Leonardo DiCaprio, qui retrouve Baz Luhrmann quinze ans après Roméo + Juliette, bien qu’il n’apparaisse pas avant au moins quarante-cinq minutes de film, il crève l’écran.
A travers le regard de Nick Carraway (Tobey McGuire), le spectateur découvre l’ivresse des années 20 à New York, où la fête ne s’arrête jamais vraiment et où, malgré la prohibition, le whisky et le champagne coulent à flot. Nick est pauvre et travaille à Wall Street. Il vit dans un petit chalet à Long Island, juste à côté d’un palais, qui appartient à un certain Jay Gatsby. Nick a trente ans mais est un gentil garçon un peu naïf. Il rend fréquemment visite à sa cousine Daisy et à son mari Tom Buchanan. Le couple Buchanan bat de l’aile : Tom a une maîtresse, Myrtle, et Daisy n’ignore rien de ses escapades.
Un jour, Nick est invité à une des fêtes de son illustre voisin, des fêtes grandioses dont l’hôte, Gatsby, n’est jamais vu. Pourtant, Nick rencontre Gatsby : une amitié se noue. Gatsby demande bien vite à Nick une faveur : de le mettre en relation avec Daisy, qu’il a connue et aimée cinq ans auparavant.
La patte de Baz Luhrmann est visible dès le début : Gatsby le magnifique est très beau visuellement, avec des mouvements de caméra parfois frénétiques qui n’entravent pourtant pas la fluidité du film. La 3D rend le film encore plus esthétique. Les scènes de fêtes sont une véritable débauche de couleurs, de mouvement, de sons, de paillettes. C’est toute la frénésie des années 20, cette parenthèse dorée, qui se révèle devant la caméra de Baz Lurhmann, entre le soulagement de la fin de la guerre et la chute brutale de la crise de 1929. Tout y est, dans le moindre détail, des publicités dans le fond de l’image pour des films de Douglas Fairbanks ou de Rudolph Valentino, aux voitures rutilantes des roaring twenties. Baz Lurhmann ose tout de même quelques touches de modernité, notamment dans ses choix musicaux, revisités façon années 20. Mais tout est fait dans la cohérence. Même l’humour est parfois au rendez-vous.
Très fidèle au roman, le film est efficace. Chaque acteur est convaincant : Leonardo DiCaprio campe un Gatsby touchant, par son assurance que l’on devine feinte, son amour vibrant pour Daisy, sa nervosité parfois évidente. Gatsby est un personnage monté de toute pièce par un homme à l’ambition dévorante, au besoin démesuré de réussite : DiCaprio parvient à rendre avec justesse et réalisme la fragilité de cette construction de toute pièce. Quant à Tobey McGuire, autre héros du film, il fait de Nick un personnage attachant, tout en bonté et en candeur, qui découvre en un été les vices de l’humanité. Enfin, Daisy, incarnée par une Carey Mulligan irréprochable, se dévoile dans tout son égoïsme et son inconstance. Le spectateur prend rapidement fait et cause pour Gatsby, qui acquiert toute la dimension d’un véritable personnage tragique. Un film magique.
Gatsby le magnifique est en salles depuis le 15 mai 2013.
Par Emily Vaquié