Block party, un roman à 10 étages

Block party, un roman à 10 étages, est un OVNI : vraiment, je n’avais jamais lu quelque chose comme cela. Constitué d’un seul et unique paragraphe, allant de l’un à l’autre des personnages avec une fluidité remarquable, Block party allie un vocabulaire parfois franchement douteux à une liberté de style incroyable. Le résultat ? Un roman que l’on dévore, et des personnages que l’on apprend à aimer…même s’ils ne font rien pour !

Nos héros vivent dans une tour HLM du nord de l’Angleterre, Peach House, où ils festoient joyeusement, abusent de la drogue sous toutes ses formes, lèvent le coude avec entrain, couchent avec leurs voisins. Ils vivent des allocs, du vol, où d’un petit boulot merdique où ils ne s’épanouissent pas. Bienvenue à Peach House, où nous suivons tout particulièrement deux couples : Bobby l’artiste et Georgie d’un côté, Johnnie et Ellen de l’autre.

Bobby l’artiste est celui qui va faire basculer la petite vie de ses amis. Peintre exerçant sous l’influence de diverses substances, Bobby est probablement le personnage le plus haut-en-couleur que vous rencontrerez dans votre vie de lecteur. Toujours vêtu de ses pulls jacquard, Bobby est prêt à tout pour oublier l’ennui de sa vie, même à sniffer du déodorant et à être stone en permanence. Sur lui veille Georgie, un brave fille pas très fute-fute, qui voue un véritable culte aux sucreries. Personnage le plus normal de la bande, Georgie paraît raisonnable et adulte, malgré sa propension à se déguiser et à s’enfiler des bonbons.

 

De l’autre côté du couloir vivent Johnnie et Ellen, un couple en crise. Ellen aime le sexe, mais pas avec son copain Johnnie, qu’elle adore pourtant. Johnnie a fait son éducation sexuelle en regardant des films pornographiques aux qualités pédagogiques fort douteuses : il aime donc les choses bien trash et ne connaît pas les préliminaires. Dealer et petite frappe à ses heures, Johnnie est également parano et aime taper les gens. Bref, un garçon charmant. Ellen, elle, est une véritable allumeuse, qui vit aux crochets de la société avec le sentiment de réussir sa vie.

Il suffit qu’un jour, les tableaux de Bobby accrochent l’œil d’une de ses voisines férue d’art pour que leur vie à tous les quatre basculent. De fil en aiguille, Bobby se retrouve exposé à Londres, et l’argent coule à flot, ce qui n’est pas sans perturber le jeune homme, habitué à vivre au jour le jour. Autant vous le dire, ces personnages, on s’y attache d’emblée, même s’ils constituent une belle bande de têtes à claque. Chacun d’eux évolue au cours du récit, aucun n’est laissé sur le carreau.

Récit très visuel, et complètement barré, Block party ressemble à une expérimentation littéraire qui aurait très bien tourné. Le roman est composé d’un seul et unique paragraphe : là où beaucoup de récits auraient alors rendu le lecteur claustrophobe, cette particularité donne au contraire une impression de légèreté et de fluidité. Le style de Richard Milward est original et peu conventionnel, intégrant les délires des protagonistes au fil du récit, mêlant humour et thèmes plus graves, comme le chômage, les ravages de la drogue, la dépression…C’est parfois trash, complètement brut, entièrement maîtrisé. Un OVNI, en somme.

Block party, un roman à 10 étages, Richard Milward. Éditions Asphalte, 2013.

Par Emily Vaquié

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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