Les blondes. Elles fascinent, séduisent, suscitent jalousie et désir. Mais chez Emily Schultz, retournement de situation : les blondes terrorisent, on se méfie d’elles, on les craint. Dans le roman d’Emily Schultz, sobrement intitulé Les Blondes, un étrange fléau frappe les blondes, qu’elles le soient de naissance ou qu’elles se teignent les cheveux. Une drôle d’épidémie semble les condamner à se transformer en tueuses sanguinaires. Partout dans le monde, des vagues de violence se multiplient. C’est la panique. On se teint ou on se rase le crâne en urgence, on isole, on se méfie de tout le monde…
C’est dans ce contexte assez effrayant que la Canadienne Hazel Hayes se découvre enceinte. Autant dire que ce n’est pas le pied car le père n’est autre que son directeur de thèse, marié bien entendu, et que la thèse en question n’avance pas du tout. Hazel vit alors à New York, dans une ville qu’elle ne connait pas, seule, sans amis. Ce n’est pas la joie, vous l’aurez compris. Et voilà que les blondes commencent à répandre le sang dans les rues. Hazel n’est pas vraiment blonde, elle est plutôt rousse, mais la paranoïa est à son comble. Elle décide de rentrer chez elle au Canada… mais le pays est paralysé par les événements.
Les Blondes, ou comment donner un nouveau sens à l’expression « femme fatale »… le chaos règne dans les rues de New York. Le monde bascule lentement dans la violence. Pour son malheur, Hazel assiste à la toute première manifestation de la rage blonde : la scène est maîtrisée, d’une violence étudiée, tout en étant totalement réaliste. Elle fait froid dans le dos. C’est ce réalisme qui fait la force du roman : tout semble plausible, on a l’impression que cela pourrait tout à fait arriver un jour, et l’on frémit. On dirait une épidémie zombie en bien plus terre-à-terre, et donc, en plus effrayant. La situation amène forcément de nombreux rebondissements, dont une sorte de road-trip flippé vers le Canada, suivie d’une détention préventive montrant bien que les autorités se sentent totalement démunies face à la situation. Le monde d’Hazel est au bord du chaos, les frontières se ferment, les politiques s’exaltent, la presse ne sait plus séparer le vrai du faux.
C’est à son enfant à naître qu’Hazel raconte l’histoire. La narration est de fait originale, elle oscille entre le présent, quand Hazel, en fin de grossesse, se terre dans un chalet isolé par la neige, et le passé, à partir du moment où Hazel se rend compte qu’elle est enceinte. Elle ne cache rien à cet auditeur silencieux, pas même son envie première d’avorter.
Le thème de son roman permet à Emily Schultz de réfléchir aussi bien à la maternité qu’au sexisme ambiant : être une femme, dans Les Blondes, suscite la méfiance la plus extrême. Qui sait si vous n’êtes pas une blonde déguisée, au fond ? Sommées de montrer patte blanche, les femmes doivent se prêter à des examens humiliants pour pouvoir circuler à leur guise.
Même si l’on est un poil déçu par le personnage principal, Hazel, qui manque singulièrement de charisme, on ne peut que saluer l’originalité du récit. Et on se félicite que la rage blonde ne fasse pas partie de notre quotidien… celui-ci serait bien trop effrayant !
Ca a l’air sans jeu de mots « tiré par les cheveux » mais pourquoi pas ! 😉
Il me fait super envie depuis sa sortie VO et j’ai vu qu’il était dans la liste du prochain Masse Critique alors je pense que je vais tenter ma chance pour ce titre malgré l’héroïne un peu décevante 🙂