Quand Carrie Bradshaw avait 16 ans

Sex and the city a été, sans nul doute, une des séries les plus emblématiques des années 90. Seule la série Friends pourrait rivaliser avec les aventures de ces quatre trentenaires dans la jungle impitoyable du célibat new-yorkais. Carrie Bradshaw, working girl romantique, a pour beaucoup été le modèle de la femme active, sans tabou et terriblement libre des deux décennies passées. Aussi, l’idée d’une série retraçant l’adolescence de cette figure iconique en a surpris plus d’un : pourrait-on concevoir un Friends adolescent, où évoluerait Rachel, Ross et Monica au lycée, au moment où Ross est tombé éperdument amoureux d’une Rachel au nez encore imparfait ? Probablement pas. On rencontre le même scepticisme à l’égard de Carrie Diaries. A tord.

Si les jeunes femmes des années 90 se sont entichées de Carrie et se sont reconnues en elles, pourquoi les jeunes filles de 2013 n’auraient pas, elles aussi, une Carrie bien à elles ? Candace Bushnell, auteur des livres qui ont inspiré la série et les films, s’est prise à imaginer la jeunesse de Carrie Bradshaw, quand, à seize ans, elle n’était encore qu’une petit lycéenne qui venait de perdre sa mère. Nous sommes en 1984, et comme le dit Carrie, « Ronald Reagan et les épaulettes faisaient fureur ». Carrie est encore une toute jeune fille, qui occupe son temps entre les cours et ses meilleurs amis, Mags, Mouse et Walt. Elle a une petite sœur punk qui l’horripile et un père totalement dépassé par l’adolescence de ses deux filles. La saison s’ouvre sur la première rentrée de Carrie après la mort de sa mère. Elle fait la connaissance d’un séduisant bad-boy, Sébastian, avec qui elle noue une relation en dents de scie.

Véritable immersion dans les années 80, Carrie diaries garde pourtant un aspect terriblement universel, grâce aux thèmes qui sont abordés au fil de la première saison : le deuil, tout d’abord, mais également la quête de soi et le passage à l’âge adulte. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, Carrie est amenée à faire de plus en plus de choix, à se demander quelle est sa vocation, et ce qu’elle est prête à faire pour la réaliser : son envie de rencontrer son rêve l’amène bien souvent à faire des entorses au règlement paternel. Une rencontre tout à fait fortuite avec l’énergique Larissa, journaliste au magazine de mode Interview, va faire vaciller les convictions de la jeune fille, alors en stage à Manhattan dans un cabinet d’avocats à raison d’un jour par semaine. Carrie va peu à peu se laisser submerger par un mode de vie qui la dépasse, où tout n’est que paillettes et champagne. Elle tombe amoureuse de New York, et joue la comédie, cachant désespérément son jeune âge. Carrie doit alors concilier sa vie glamour et intense à New York avec les intrigues de son petit lycée de province. Autour d’elles, gravitent les sempiternels amis de toute série pour adolescents : Walt, le meilleur ami aux pulls tricotés main et à la raie soigneusement peignée sur le côté, Maggie, forte et assurée, et Mouse, le petit génie accro aux compétitions. Loin d’être des faire-valoirs, Walt, Mouse et Maggie complexifient la série en apportant leur lot de sous-intrigues : Maggie et Walt sont en couple, et leur relation permet à la série d’aborder des questions difficiles comme l’adultère ou la difficulté de trouver son identité sexuelle. Le premier épisode laisse clairement sous-entendre l’homosexualité de Walt : le jeune garçon semble vivre très mal sa confusion sexuelle, et Maggie reste démunie face au manque d’enthousiasme que le jeune garçon témoigne à son égard. Mouse, elle, incarne la pression qui repose sur les épaules des jeunes Américains qui espèrent aller à l’université, et doivent pour cela recevoir une bourse. Entourée par ses amis, Carrie tente d’avancer au quotidien et de faire son deuil, en ignorant Donna, inévitable antagoniste entourée de sa cour. Quelle série américaine se déroulant dans un lycée serait complète sans sa « queen bee » ?

Si la série n’est pas révolutionnaire, elle apporte toute de même une certaine fraicheur au mythe de Carrie Bradshaw : nous la découvrons vulnérable, en proie aux mêmes doutes que les autres adolescentes. Nous découvrons également comment le personnage s’est construit, comment Carrie en est venue à l’écriture, comment New York l’a séduite, et même comment le Cosmopolitan est devenu son cocktail favori. AnnaSophia Robb campe une Carrie pétillante et charismatique.

Carrie diaries pourrait se résumer aux aventures new-yorkaises d’une jeune fille tentant désespérément de trouver sa place et de s’échapper de sa petite ville de province. Car, bien-sûr, le New York des années 80 est grisant. Mais finalement, Carrie Diaries vaut mieux que ça, et s’avère une jolie fable sur l’adolescence et les choix nécessaires pour devenir adulte. Les fans de Sex and the city n’y trouveront pas forcément leur compte, mais la série parlera probablement à toute jeune fille.

Par Emily Vaquié

Pour compléter, n’hésitez pas à lire le très bel article de Maxime sur son blog !

A propos Emily Costecalde 1154 Articles
Emily est tombée dans le chaudron de la littérature quand elle était toute petite. Travaillant actuellement dans le monde du livre, elle est tout particulièrement férue de littérature américaine.

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