Rien de tel en ce mois de juillet qui touche à sa fin qu’une comédie sympathique : Paris à tout prix met en scène une trentenaire marocaine sur le point de décrocher le CDI de sa vie dans le domaine de la mode. Working-girl moderne et résolument parisienne, Maya sent que sa vie va bientôt basculer…mais pas dans le sens où elle l’espérait. Un banal contrôle de police met en évidence l’expiration de ses papiers : la jeune femme, présente en France depuis l’enfance et parfaitement intégrée, est ramenée manu militari au Maroc, où elle est forcée de réintégrer sa famille, qu’elle n’a pas vu depuis très longtemps.
Coincée dans un pays qu’elle dédaigne, Maya doit ronger son frein en attendant l’idée de génie qui lui permettra de réintégrer Paris. Car si Maya a un passeport marocain, elle ne se reconnait pas dans les coutumes de son pays. Arpentant les chemins de terre perchée sur ses Louboutin, n’hésitant pas à insulter les femmes voilées et à proclamer son amour du champagne, Maya se rend particulièrement détestable. Elle semble penser que son pays natal est arriéré : quand son frère lui fait croire que les toilettes sont désormais dans le jardin, la jeune femme le croit sans tergiverser. Véritable caricature de la parisienne snob, qui n’hésite pas à conduire sa smart sur les trottoirs et qui considère la banlieue comme un pays lointain, Maya est brusquement ramenée à la réalité. Au Maroc, elle doit faire amende honorable, et rétablir une relation très distendue avec son père. Son séjour au Maroc la fera évoluer et grandir, avant un happy end prévisible. Le scénario ne s’avère donc pas véritablement innovant, et explore le thème universel de l’immigrant qui renie ses origines pour mieux s’adapter.
Le film est léger, et ponctué de traits d’humour : si le spectateur passe indéniablement un bon moment, il ne peut s’empêcher de tiquer face aux clichés toujours plus gros. Le monde de la mode dépeint dans le film est digne du Diable s’habille en Prada, entre les stagiaires maltraitées, le patron intransigeant et presque capricieux, et la rivale mauvaise, prête à vous tirer dans les pattes pour mieux assoir sa place. Maya évolue dans les fêtes parisiennes avec aisance, alliant une langue de vipère à une sacrée descente, frôlant ainsi la caricature.
Pourtant, Paris à tout prix aborde quelques thèmes sérieux, comme l’immigration et l’identité. Bien que marocaine, Maya se sent pleinement française et se sent déphasée dans son pays d’origine. Il suffit de voir son regard effaré dans le taxi qui l’éloigne de l’aéroport pour comprendre qu’elle n’est plus chez elle depuis longtemps. Pourtant, sa grand-mère et son frère l’accueillent à bras ouverts, même si son frère s’amuse à lui faire quelques crasses pour la punir de sa longue absence. Le monde froid, superficiel et hypocrite de Paris s’oppose à la convivialité et à la simplicité du Maroc : la vision est donc très manichéenne.
Malgré tout, on rit beaucoup, grâce à l’incroyable galerie de personnages : Maya elle-même finit par nous devenir agréable. Son frère et ses facéties prêtent à sourire, la grand-mère est attachante. Quant au couple d’amis de Maya, il apporte une véritable fraîcheur à l’intrigue. Ce film nous permet donc de nous évader le temps d’une heure et demie, et constitue un divertissement honnête et sympathique.
Par Emily et Kévin