Rencontre avec Jean Teulé

« Un Pommier, ça fait des pommes, c’est comme ça. Moi je fais ce que je fais, c’est comme ça. »

Écrire ? Pourquoi ? C’est le hasard. Encore et toujours, le hasard a mené la carrière de Jean Teulé dans le domaine de l’écriture. Tout commence il y a quelques années lorsqu’une éditrice le contacte. Il travaille alors à France 4 pour l’émission Nulle part ailleurs. Elisabeth Gilles lui dit au téléphone qu’il est un écrivain qui s’ignore et qu’il doit impérativement venir la voir. Durant cette rencontre, elle lui fait signer un contrat pour un roman contre un chèque assez intéressant. En manque d’argent, Jean Teulé signe le contrat et repart aussitôt. Mais dans le métro viennent les interrogations. Il n’a jamais envisagé d’écrire, n’a jamais lu de romans (et n’en lit toujours pas), alors que faire ? Retourner voir l’éditrice, lui dire qu’elle s’est trompée de personne et lui rendre contrat et chèque ? Oui ? Non ? Mais le voilà revenu chez lui. Le hasard a décidé une nouvelle fois. Il écrira. Rainbow pour Rimbaud qui sera un succès.

Quand on demande à Jean Teulé ce qu’il pense de son succès et de son œuvre, il nous regarde interdit avant de nous répondre. Il ne se pose pas la question, jamais. C’est arrivé, c’est comme ça. Son propre conte de fée où la psychologie et la réflexion sont bannies, autant que dans ses romans. C’est le miracle de sa vie.

Ce mystère s’étend pour l’auteur aux résultats qui découlent de la réussite : les nombreuses adaptations de ses œuvres. C’est une vraie surprise pour lui. Théâtre, cinéma, bande dessinée, opéra… Ces représentations qui sont une vraie réussite sont toujours pour lui inattendues. Mais il refuse toutefois d’intervenir en aucune façon dans l’adaptation de ses œuvres. « à partir du moment où vous avez acheté les droits, c’est votre boulot. » Il savoure cette envie que l’on a de travailler sur ses romans mais il n’attend pas d’en voir une reproduction fidèle. Il a fait son travail et ne veut pas revoir son livre, mais la vision que vous en avez. Certaines de ces adaptations sont des échecs, d’autres des succès. Il nous avoue en rigolant que sa position visant à refuser d’influencer le travail d’adaptation le fait apparaître sympathique et qu’en conséquence, tout le monde l’apprécie.

Et d’où viennent les sujets et thèmes de ces livres ? Eh bien une fois de plus, le hasard s’en mêle. Le Montespan par exemple, connaissez-vous l’origine de ce roman ? Je l’ai découverte avec étonnement. Une soirée chez des amis, un magazine historique qui traîne sur la table basse, un entrefilet sur l’anecdote des ramures de cerfs peintes sur le carrosse et l’idée est intégrée, le succès assuré.

Derrière le succès du Montespan, Jean Teulé était persuadé que le public l’attendrait au tournant et ferait de son prochain roman un vrai massacre. Avec cette idée sombre à l’esprit, il s’est mis à errer sur internet tapant divers mots comme massacre, lynchage… Et là, le hasard le fait tomber sur un article racontant la tuerie de Hautefaye. Curieux, il va effectuer quelques recherches qui aboutiront à Mangez-le si vous voulez.

Contrairement à ce qu’il pensait, Jean Teulé va une fois de plus assister au succès de son livre. Mais ses lecteurs vont lui poser des questions et surtout celle-ci : Pourquoi ne pas avoir traité les conséquences de cet acte de barbarie ? Comment les gens ont-ils vécu après cet épisode sanglant ? Avec ses questions, les rouages se sont lancés. Ajoutez donc dans l’esprit d’un auteur épisode sanglant, France et comment vivre avec ses actes. Jean Teulé réfléchit, réfléchit et réfléchit encore. Il aboutit à la Saint-Barthélémy. Quelques recherches plus tard et Charly 9 voit le jour. Le hasard fait tout, on vous dit !

Les recherches prennent une part importante dans le travail d’écriture de Jean Teulé. Il reconnaît passer jusqu’à neuf mois voire plus parfois avant de commencer l’écriture en elle-même de son livre. Il prend pour exemple son nouveau roman. L’idée est apparue il y a quelques mois et il fait des recherches depuis le mois de juin mais n’en débutera l’écriture que la semaine prochaine. Aucuns indices mais j’ai quand même hâte de le lire !

Comme promis, nous n’oublierons pas la phrase de fin adressée aux deux chroniqueuses que nous nous sommes. « Vous êtes bien mignonnes. » Merci Monsieur Teulé !

Par Léa

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