Mustang : désigne aussi bien un cheval sauvage qu’une célèbre voiture américaine. Américain : l’adjectif se prête tout particulièrement au roman de Frédéric Doré, Mustang. Bien que français, Frédéric Doré nous livre avec Mustang un roman très américain, court, mais très dense, qui nous montre à la fois les grandes métropoles américaines, et les immenses espaces vides étasuniens. On y voit les bureaux étriques de Manhattan, et les plaines désertiques du Nevada, les jeunes loups de Wall Street et les coyotes des déserts de l’ouest. Frédéric Doré nous livre l’essence d’un pays qui fascine les romanciers français : peu arrivent, cependant, à toucher du doigt ce qui fait tout l’attrait de ce pays. Frédéric Doré, lui, y parvient, et ce, dès le premier roman.
Le narrateur est comme nous, français. Mais c’est un Français qui est parti, qui s’est accroché à son rêve : travailler auprès de Balandier, étoile montante de l’astrophysique. Devenu son collègue chez Sterling-Bradley, le narrateur vit à New York, avec sa compagne Emily, dans l’ombre de Balandier, mystérieux et brillant. Puis, tout bascule. Alors que la crise des subprimes frappe New York et Sterling-Bradley de plein fouet, Balandier se volatilise. Et le narrateur se lance sur sa piste. Entre Balandier et le narrateur, une drôle de relation s’est nouée : le narrateur admire énormément Balandier, celui-ci a toujours été son modèle. Mais Balandier est devenu un homme brisé. Par qui, par quoi ? Pourquoi cette fuite, ce brusque rejet de la réussite ? Le narrateur va essayer de reconstituer le puzzle, de comprendre. Comment réagir quand le mythe qui a dicté notre vie professionnelle jusque là se révèle pleinement humain, dans toutes ses failles et ses faiblesses ?
Le roman de Frédéric Doré se déguste : le style est fluide, dynamique, parfois poétique. L’écriture est efficace, et non dénuée de suspense. Frédéric Doré décrit avec beaucoup de simplicité les contrastes qui font l’Amérique : pas besoin d’ajouter un mot de plus, tout est dit. Et ça, c’est tout de même la grande classe ! Cette économie de mots, cette maîtrise du récit, font de Mustang un grand roman, de ceux que l’on aimerait faire durer, que l’on savoure avec beaucoup de plaisir. C’est une entrée en littérature pleinement réussie. Bravo !
Mustang, Frédéric Doré. éditions de la table ronde, 9 janvier 2014.
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