Ainarak [1], les Hirondelles : c’est ainsi que l’on désigne ces générations de jeunes Espagnoles venues travailler pour la saison dans les usines d’espadrille de Mauléon, capitale de la province basque de Soule. Cette migration économique s’est étalée sur plus de cinquante ans : dès 1875, en raison de la forte immigration des Basques vers l’Amérique, et alors que l’industrialisation de la production d’espadrilles se généralisait, il y a eu de forts appels de main d’œuvres dans les fabriques de Mauléon. Chaque année, à l’automne, ces jeunes femmes quittaient leurs villages nichés dans les vallées navarraises et aragonaises pour un périlleux et épuisant voyage par la montagne, souvent dans la neige, afin de travailler jusqu’au printemps. Elles rentraient ensuite chez elle avec leur trousseau, cousu durant les veillées. Ces mouvements de population annuels, semblables à ceux des hirondelles dont ces ouvrières ont pris le nom, ont été à peine perturbés par la Grande Guerre, et ont marqué l’histoire culturelle, sociale et économique des vallées souletines.
C’est le sujet qu’a choisi Pascale Lascano, chorégraphe et metteuse en scène de la troupe Zarena Zarelako, pour son dernier spectacle en date.
L’histoire de trame est celle d’un groupe de jeunes filles venues de Navarre et d’Aragon, qui entreprennent le long voyage à travers la montagne vers Mauléon, en Soule, de l’autre côté de la frontière. Le ballet est organisé en trois tableaux, allant de la jeunesse dans les vallées d’origine au travail à l’usine, en passant par le difficile voyage en montagne, et l’arrivée au village. Nous sommes en décembre 1913.
Porté par une vingtaine de jeunes danseurs, tous amateurs issus de groupes locaux, le spectacle est imprégné de cette histoire, tant dans les tableaux que dans les décors ou costumes, et entièrement inspiré de danses traditionnelles basques, dont la plupart ont été réarrangées pour l’occasion en chorégraphies originales. Et c’est bien ce qui est extraordinaire : sans aucun apport extérieur, la compagnie propose toute une série de danses totalement inédites, dont on reconnaît ça et là, quelques lignes !
Bien que les danseurs soient tous des amateurs, le ballet fait montre d’un niveau technique et d’une justesse qu’on ne peut qu’admirer : tout est réglé au millimètre, et les créations sont proprement spectaculaires. De plus, Ainarak ce n’est pas qu’un spectacle de danse se contentant d’aligner les chorégraphies ; les jeunes artistes, dansent, jouent et interprètent les rôles qui leur ont été attribués, ressuscitant ainsi avec brio l’ambiance d’une époque. C’est une véritable histoire qui se déroule sous les yeux du spectateur via le ballet, dont certaines parties rappellent plus le théâtre de rue et les pantomimes, tout en s’accordant aux chorégraphies. Chacun est imprégné de son rôle, et cela se ressent jusque dans les expressions des danseurs qui traduisent à la perfection les diverses émotions par lesquelles passent leurs personnages.
À cela il faut ajouter des costumes fabuleux, un éclairage judicieusement choisi, et une bande-son remarquable qui, tour à tour, souligne, exalte et met en valeur ce que la danse s’attache à faire passer.
Véritable prouesse technique et artistique, Ainarak est de ces spectacles que l’on ne regrette pas d’aller voir à plusieurs reprises : les artistes sont talentueux, leur niveau technique extraordinaire, l’ambiance est divinement remise, la mise en scène excellente : en un mot, époustouflant.
Prochaine représentation : 29 mars 2014, Irissarry (64), 21h. Billets en vente sur place, 10€/personne, gratuit pour les moins de 12 ans.
Et pour un avant-goût, le site de Kanaldude vous propose les 10 premières minutes du spectacle.
Crédits photographiques : Compagnie Zarena Zarelako.
[1] Prononcer aïnarak.
Bonjour,
J’écris un roman sur ces hirondelles et aimerais beaucoup visionner ce spectacle.
Auriez-vous le contact de la chorégraphe Pascale Lascano ?
Un très grand merci par avance.
Anne-Gaëlle
Bonjour,
J’écris un roman sur ces hirondelles et aimerais beaucoup visionner ce spectacle.
Auriez-vous le contact de la chorégraphe Pascale Lascano ?
Un très grand merci par avance.
Anne-Gaëlle