Une couverture magnifique, un titre poétique, la perspective d’un récit dépaysant, écrit par l’auteur du Clan des Otori : difficile de ne pas succomber lorsque La Maison de l’arbre joueur nous passe entre les mains. Dans ce roman, Lian Hearn a décidé de s’intéresser à une période charnière de l’histoire du Japon : le récit s’ouvre en 1857, à l’époque où le Japon s’ouvre progressivement au monde extérieur, après des siècles d’autarcie.
La maison de l’arbre joueur, c’est la demeure du médecin du village, le père de Tsuru. La jeune fille a des rêves, autres que ceux de sa sœur, bien contente de devenir une épouse et une mère. Tsuru aide son père depuis des années, et rêve de devenir médecin. Mais, même si le Japon s’ouvre à la modernité, la jeune fille peut-être prétendre à une voie autre que celle à laquelle son sexe la destine ? Entre intrigues politiques et cas médicaux, nous suivons le parcours d’une jeune fille au caractère bien trempé, qui aimerait être libérée des contraintes de sa condition.
Ce n’est pas un récit dans lequel on rentre aisément : si le dépaysement souhaité est bien là, il est un peu difficile au lecteur peu au fait des coutumes japonaises de suivre au début. Il se perd dans les termes et les titres, ne connait pas les us et coutumes, qui restent souvent inexpliquées. La politique de l’époque est également difficile à appréhender pour nous lecteurs occidentaux. On aurait apprécié un poil plus d’explications, ne serait-ce que sous la forme de notes de bas de page, pour apprécier plus rapidement l’histoire. On se perd aussi beaucoup entre les nombreux personnages et leurs titres parfois changeants. Ceci étant dit, on ne peut que s’attacher à Tsuru, cette jeune fille volontaire et moderne qui rêve de devenir médecin. Sous l’égide de son père, elle devient effectivement un médecin compétent, même si en tant que femme, elle n’est pas toujours prise au sérieux. Sa condition de femme est un des thèmes principaux du roman. Elle ne cesse de vouloir s’en échapper.
Véritable fresque historique et politique, La Maison de l’arbre joueur est un roman qui n’est pas dénué de poésie et qui nous fait voyager loin, très loin. Lorsque Lian Hearn décrit les arbres en fleur, la neige sur les toits ou les routes du pays, on croirait y être. On referme tout de même le livre un peu perdu, pas tout à fait certain d’avoir retenu le détail des intrigues politiques décrites dans le roman. Cependant, La Maison de l’arbre joueur est un récit plaisant, à conseiller tout particulièrement aux passionnés de la culture nippone.
La Maison de l’arbre joueur, Lian Hearn. Folio, 2014.
Par Emily Vaquié
Soyez le premier à commenter